Kinshasa: débordement lors des marches contre l’agression rwandaise
La ville de Kinshasa s’est réveillée ce mardi 28 janvier au rythme des manifestations de colère dans plusieurs coins. La population dénonce l’invasion rwandaise à Goma. Les Kinois en colère ont attaqué l’ambassade de France, des USA, de Belgique et du Rwanda. Ils expriment leur mécontentement contre le silence de la Belgique face à l’agression rwandaise. Les manifestants ont mis le feu à l’ambassade de la France et à celui du Rwanda. La question qui reste à se poser est de savoir s’attaquer aux institutions diplomatiques est une solution pour résoudre la guerre à l’est ?
D’après Frédérique Amani, spécialiste en relations internationales, les marches pacifiques de colère qu’organisent les populations congolaises sur toute l’étendue du pays pour protester contre l’agression rwandaise sont tout à fait normales et légales. C’est une façon pour les Congolais d’exprimer leurs mécontentements contre un pays qui était un allié ou ami et qui, à l’heure actuelle, soutient le mouvement de rébellion. La Charte des Nations unies n’interdit pas cela. La charte ou l’acte constitutif des lignes africaines aussi n’interdit pas cela. Et je pense que cette façon de faire est tout à fait normale.
Cependant, indique Frédérique Amani,s’en prendre aux installations diplomatiques, notamment à l’ambassade de la France en RDC ou à l’ambassade du Rwanda en RDC, c’est prohibé par la Convention de Vienne qui régit les relations diplomatiques entre les États. « Je crois que la RDC, au travers des instances dirigeantes, doit interpeller ces populations qui s’en prennent aux installations diplomatiques. »
La meilleure façon d’agir
Pour le spécialiste en relations internationales, les ambassades jouissent des immunités diplomatiques sous les territoires où elles sont accréditées. D’où, la population ne doit pas s’en prendre aux installations diplomatiques. Cela risque de mettre en difficulté la RDC dans ses partenariats ou ses relations avec la France et d’autres États au travers du monde, estime ce spécialiste.
« Alors, si la population veut protester contre la présence française, belge, américaine ou rwandaise ou contre un autre pays sur les sols congolais, elle n’a qu’à déposer un mémorandum aux institutions dirigeantes nationales », explique-t-il encore. Et d’ajouter : « C’est par exemple à l’Assemblée nationale ou auprès du ministre des Affaires étrangères ou autre institution compétente en la matière. Ainsi, ces instances vont à leur tour communiquer avec les autres États de manière officielle, démocratique et pacifique. » De cette manière, la voix congolaise sera davantage entendue par rapport au soutien que le M23 bénéficie du Rwanda et de l’Ouganda pour déstabiliser l’est de la RDC.
Lire aussi: Goma : »Trop c’est trop » dit Patrick Muyaya
Pour l’internationaliste Frédérique Amani, cette manière d’agir des Kinois est condamnable dans la mesure où la Charte des Nations unies, la convention de Vienne interdit aux populations ou aux États de s’en prendre aux installations diplomatiques.
Un politologue qui a recueilli l’anonymat condamne l’acte de Kinois : pour lui, le gouvernement a l’obligation de protéger ces ambassades, il n’y a pas d’appréciation, c’est une obligation. Pour lui, l’État a failli à sa mission.