RDC: 48% des femmes mariées participent à la prise des décisions ( INS)

RDC: 48% des femmes mariées participent à la prise des décisions ( INS)

En RDC, dans une enquête publiée en aout 2024 à Kinshasa ,l’institut national des statistiques , INS, présente des avancées notamment sur la promotion des droits des femmes au sein des ménages.  48 % des femmes mariées en RDC participent à la prise des décisions au sein de leurs ménages, indique cette enquête. Au cours de ce mois de mars dédié à l’évaluation sur la promotion des droits des femmes, la question fait débat. Tout en reconnaissant les avancées sur la promotion des droits des femmes dans le pays, les associations féministes jugent ces statistiques un peu élevées par rapport à la réalité.

« Chaque fois que nous prenons une décision ensemble avec mon époux, il finit par agir selon son bon vouloir », déclare cette dame rencontrée dans la rue à Lubumbashi. Cette autre dame, vendeuse de fruits, affirme que l’homme est le chef de la famille. De ce fait, il a le droit de décider seul. Moi, je décide surtout lorsqu’il s’agit de la restauration ou encore des déplacements des enfants. Pour le reste, c’est à l’appréciation du monsieur même sans me consulter, dit-elle.

Par ailleurs, les hommes ont des avis divergents. Si certains soutiennent qu’ils associent leurs épouses, d’autres disent le contraire.  » Lorsqu’il s’agit des besoins primaires de la maison, nous discutons avec madame. Par exemple, pour l’achat de tel ou tel mobilier. En outre, nous pouvons nous mettre d’accord si l’on doit renouveler la garde-robe des enfants… Mais les grandes décisions sur certains projets, je les prends seul, déclare ce monsieur rencontré sur l’avenue Mama Yemo.

A lire aussi, Lubumbashi : les hommes appelés à s’impliquer dans la lutte contre les VBG

Des chiffres qui interrogent

Pour sa part, maître Sylvie Nkolomoni, présidente de l’ONG féministe La Voix du savoir, affirme également avoir enregistré plusieurs témoignages de femmes qui vivent encore sous l’emprise de leurs maris. Ainsi, ces dames déclarent qu’elles ne participent à aucune décision au sein de leurs foyers. J‘ai interrogé les femmes travailleuses de surface au palais de justice de Lubumbashi. Leurs témoignages sont frappants. Sur 10 femmes, aucune d’elles ne participent à la gestion de leurs revenus, par exemple, explique Me Sylvie Nkolomoni. Ce sont plutôt les maris qui exigent de ces femmes qu’elles leur remettent tout l’argent de salaire. Et dans la plupart des cas, cet argent finit dans l’alcool, indique encore cette avocate.

En outre, Me Sylvie explique que certaines femmes ont même saisi la justice à Lubumbashi dans l’objectif de recouvrer leurs droits au sein du foyer.

L’Institut national des statistiques INS a, quant à lui, mené une enquête en RDC auprès des femmes sur la période de 2023 à 2024. Les résultats de l’enquête EDS-RDC III, notamment sur la participation des femmes à certaines décisions au sein des ménages, sont plutôt encourageants. Selon INS, 66 %des femmes participent à la décision pour les visites à leur famille ou parents.  65 % participent à la décision concernant les achats importants du ménage et 55 % pour leurs propres soins de santé.

Ainsi, en moyenne, 48 %des femmes congolaises en union participent aux trois décisions, révèle encore l’enquête de l’INS. Et d’ajouter que 24 %des femmes ont déclaré ne pas participer à aucune des trois décisions mentionnées ci-dessus. S’agissant de la gestion des fonds dans le ménage, l’enquête révèle un écart entre la proportion des hommes qui utilisent un compte bancaire et celle des femmes. Elle est de 7 %d’hommes contre 3 % de femmes.

Des défis

Si ces données de l’INS illustrent une certaine avancée dans la promotion des droits des femmes au sein des ménages en RDC, elles suscitent par contre un débat. Certaines associations féministes estiment que les chiffres semblent élevés par rapport à la réalité. Et les défis à relever sont encore importants, assure Bernadette Kapend, militante des droits des femmes et présidente du réseau des femmes pour le développement REFED.

Beaucoup de femmes ne savent même pas définir c’est quoi la participation dans la prise des décisions au sein du ménage. En outre, les us et coutumes formatent un type de femmes. Une femme éduquée à la soumission dans le foyer, il est difficile pour elle d’exiger sa participation à la prise des décisions. « Une femme éduquée à la soumission dans le foyer, il est difficile pour elle d’exiger sa participation à la prise des décisions. »

Lire aussi, Lubumbashi: les violences faites à la femme, la lutte en recul

L’Institut national des statistiques précise néanmoins que la participation dans les trois décisions par les femmes en union varie selon la province. Dans la province de Sankuru, au centre de la RDC, elle est d’un minimum de 8 %, tandis qu’elle est plus élevée en Ituri et au Sud-Kivu, soit un maximum de 65 %.