RDC : accès aux informations sanitaires, un droit pour les patients

RDC : accès aux informations sanitaires, un droit pour les patients

En RDC, l’accès à l’information sanitaire pour les patients reste un défi. A Lubumbashi par exemple, médecins, infirmiers, soucieux du bien-être des patients, préfèrent garder certains détails pour eux, plutôt que d’en parler aux malades. Ce qui ,pourtant constitue une violation des droits des patients .

Nkulu, est souffrant et il  est interné à l’hôpital depuis bientôt trois semaines. Plutôt réservé sur la raison de sa venue à l’hôpital, il nous glisse quelques mots.  « Quand je demande des détails sur mon état de santé, le médecin semble hésitant, » déclare t-il. Parfois, j’ai l’impression qu’il cache des choses. Cela me rend anxieux,  » déplore t-il. Le ressenti de Nkulu illustre le besoin de transparence pour apaiser les craintes des patients.

Un avis que partage Leon Michel,un autre jeune homme. Assis sur une chaise plastique devant sa cabine téléphonique, il déplore la manière de communiquer d’un médecin qui l’a soigné il y a bientôt quatre mois.  » Ma fiancée m’a accompagné à l’hôpital. J’avais des maux de ventre, je vomissais et je faisais la diarrhée. J’ai consulté un médecin et  j’ai fait des examens médicaux .Ensuite, le médecin est venu nous voir. J’ai lui ai demandé  quel était mon problème de santé, et son traitement médical ? Le médecin n’a pas répondu et a préféré en parler  en privé à ma fiancée ». 

Et d’ajouter, cela m’a mis en colère et j’ai insisté pour en savoir plus. C’est alors que le médecin me dira que je souffre juste de la typhoïde et qu’il faut faire d’autres examens. » En fait, jusques là, le médecin n’avait donné toute l’information à Leon Michel. Son état de santé était plus grave que ça. Il nécessitait une intervention chirurgicale pour perforation intestinale.  »Malgré ça, c’était illogique de ne pas directement m’en parler » ,explique encore Leon Michel d’un ton nerveux.

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Les soignants se justifient

Malgré le désaccord des patients, dans de nombreux hôpitaux, ce sont souvent les médecins qui décident sans trop communiquer. Grâce Mbuyi , chirurgien spécialiste de la transplantation cardiaque à l’hôpital EDEN explique que le personnel soignant agit ainsi pour le bien du malade.

« Je comprends que les patients souhaitent être informés, mais parfois, il est préférable de ne pas tout leur dire. Certaines nouvelles peuvent être inquiétantes et risquent d’affecter leur moral « , dit-il.

Pour sa part, Fatou Fatou Adrienne, médecin généraliste soulève elle, un problème d’insuffisance du personnel soignant. « Nous avons une responsabilité de transparence » déclare t-elle.   »Mais la réalité sur le terrain est complexe. Parfois, il nous manque le temps nécessaire pour expliquer en détail le diagnostic ainsi que les résultats des examens » nous dit-elle encore. Bien qu’animé par des intentions protectrices, l’attitude du personnel soignant  soulève des questions éthiques sur le droit à l’information des patients.

Pourtant,  la loi portant principes fondamentaux relatifs à l’organisation de la santé publique en RDC  consacre ce droit des malades. En effet, l’article 25 stipule :  « tout patient a le droit d’être informé de manière claire et appropriée sur son état de santé . Aussi, sur le traitement et les interventions possibles, leurs bénéfices et leurs risques. » De plus, la loi indique dans cette même disposition qu’un patient  peut demander  un résumé écrit de ces informations. » Et le dernier alinéa porte sur les obligations du personnel soignant.  »  Dans les limites de ses compétences, le personnel de santé s’assure que le patient qui s’adresse à lui, a reçu les informations nécessaires afin de décider en toute connaissance de cause. »

Des alternatives

Face à cette attitude de certains professionnels de santé , quelques personnes malades trouvent une alternative. Si les médecins ne fournissent pas les informations nécessaires, ils recourent à un infirmier. C’est l’expérience que nous partage l’infirmière Pauline Kashama

 « Je fais de mon mieux pour répondre aux questions des patients. Souvent, ils viennent me voir après avoir parlé au médecin, car ils ont besoin de clarifications. Je pense que nous devrions tous travailler ensemble pour améliorer la communication. »

L’accès aux informations sur son état de santé ainsi que sur le protocole thérapeutique est donc un droit en RDC. L’application de la loi  en cette matière nécessite une sensibilisation tant du personnel de santé que des patients eux même. .