RDC : 50% des marchandises pour les transporteurs locaux

RDC : 50% des marchandises pour les transporteurs locaux

En RDC, les transporteurs locaux ont désormais droit à 50 % des marchandises que ce soit à l’importation ou à l’exportation. La décision prise par arrêté par le ministère des transports et voies de communication,  a été rendu publique à la fin du mois de février. Et il y a une semaine, une délégation du ministère des transports a effectué  à Lubumbashi et à Kolwezi, une mission de sa vulgarisation. Toutefois, les défis pour les transporteurs Congolais sont énormes car ils ne représentent que 3%.

A Kasumbalesa, ville frontalière avec la Zambie, les habitants de cette entité sont des habitués de ce spectacle. Sur le seul artère bitumé, la route nationale no 1 , l’on observe quotidiennement une longue file de camions appelés truck . En effet, que ce soit du côté Congolais ou Zambien , au moins 300 camions par jour traversent la frontière. A l’exportation, la charge est constituée des minerais, tandis qu’à l’importation, ce sont des produits divers.

Ce qui porte à croire que l’industrie du transport se porte bien sur le corridor Sud qui part de Kolwezi vers la Zambie. Mais selon la fédération des entreprises du Congo, FEC, le secteur du transport dans la région du Katanga est tenue à  97 % par des sociétés étrangères.

Difficultés

Les transporteurs Congolais, moins compétitifs, ne représentent que 3%. En effet, depuis l’année 2021, plusieurs sociétés congolaises de transport ont fermé leurs portes. D’autres ont tout simplement transféré leurs flottes en Zambie où ils ont obtenu une immatriculation.

Et les raisons sont notamment le poids des charges fiscales, explique sous anonymat ce transporteur Congolais.  »L’une des raisons est le coût élevé que fixent les transporteurs routiers Congolais. A titre d’exemple, au niveau de la Zambie, nous payons 1.000$ de coût supplémentaire que tous les autres transporteurs. Ainsi, nous ne sommes plus concurrentiels.

A lire aussi, Kasumbalesa: Accord entre ITM Hodling et les transporteurs

En outre, dit-il, une autre difficulté est liée à la liquidation tardive des factures.  »Nos clients payent les factures 40 à 45 jours après la réception des marchandises. Or, une course d’un camion remorque de 34 tonnes parti de Kolwezi à destination de l’Afrique du Sud , revient à 10.000 $. C’est compliqué »

Principe de réciprocité

En effet, du côté Congolais, les frais de péage routier sur le tronçon Kasumbalesa – Kolwezi  sont fixés à 900$ alors que dans les pays de la SADC, ils sont de loin inférieurs. Les transporteurs payent 10$ pour 100 km parcourus. Si l’on applique ce principe en RDC, sur la route  Kasumbalesa – Kolwezi, longue d’environ  410 Km, le péage  routier devrait coûter  moins de 50 $. De ce fait, la Zambie applique depuis 2021, le principe de la réciprocité. Seuls les transporteurs Congolais payent 1.000$ des frais de transit sur le sol Zambien.

Un autre blocage est lié à la concurrence , explique de son coté, Philippe Seneve ,le président du comité des transporteurs Congolais à la FEC  Kolwezi

 »Aujourd’hui, Sur le corridor Sud qui part de Kolwezi jusqu’en Zambie, les transporteurs Congolais ne représentent que 3% , peut être même moins  de 3%. Les sociétés minières installées au Congo ont  joué un grand rôle. Elles ont leurs propres sociétés de transport présentes en Zambie, en Namibie, en Afrique du Sud et en Tanzanie ». 

A lire aussi, Kolwezi: Tribunal de commerce, levier dans le climat des affaires

Mesure

Malgré ces difficultés, le comité des  transporteurs au sein de la FEC dans la région du Katanga s’est résolu de relever ce secteur. Et à sa demande, le gouvernement a signé au mois de février un arrêté . Celui-ci accorde un droit préférentiel aux transporteurs locaux, explique Jean Marie Abolia, secrétaire général au ministère des transports

 »Pour le gouvernement central, cet arrêté accordant aux transporteurs locaux 50% des marchandises en application surtout du principe de la réciprocité ,va sans nul doute accroître le nombre des transporteurs et travailleurs locaux . Ensuite, il va  impacter  l’assiette fiscale tant au niveau national que provincial ».

Pour la fédération des entreprises du Congo, cette décision est salutaire. En effet, elle va susciter la création de 4.000 emplois dans la région du Katanga. De plus, la moitié des fonds générés par le secteur des transports resteront au pays . Ils sont évalués à un revenu mensuel de 23 millions de dollars.

Espoir

Néanmoins, il reste encore des défis à relever car les Congolais devront avoir la capacité de réponde à la demande des entreprises minières. Mais Ritha Ilunga, la présidente du comité des transporteurs au sein de la Fec Haut Katanga reste optimiste

Nous devons les accompagner afin d’atteindre une flotte d’au moins 3.500 camions. Avec un chargement journalier de 110 camions , cela représentent effectivement les 50% des charges à l’exportation. 

D’après la FEC, un comité de suivi de l’application de la décision gouvernementale sera mise en place. Quant aux transporteurs locaux, ils attendent du gouvernement Congolais le réduction du coût du péage routier ou tout simplement leur exonération. Ce qui pourrait motiver certaines sociétés Congolaises de transport installées dans les pays voisins, à revenir en RDC.