Sicomines : 17,5% d’infrastructures réalisés en 15 ans

Sicomines : 17,5% d’infrastructures réalisés en 15 ans

Le projet minier Sicomines, présenté comme un modèle de partenariat entre la République démocratique du Congo (RDC) et un groupement d’entreprises chinoises, est décrié par les ONG. Les organisations AFREWATCH et LE CONGO N’EST PAS A VENDRE ont rendu public, ce mardi 13 mai 2025, un rapport accablant sur le faible taux de réalisation des engagements pris dans le cadre de cette convention. Le rapport révèle qu’en 15 ans la partie chinoise n’a réalisé que 17,3 % des infrastructures. 

L’étude menée par les deux organisations révèle un taux d’exécution de seulement 17,3 %. Pour la première phase du projet allant de 2008 à 2023, les deux organisations jugent catastrophique ce taux de réalisation. Car. Sur les 6 538 km de routes prévues, seulement 1 132 km ont été réhabilités. Ceci est loin des promesses initiales. Ce retard considérable soulève des questions sur l’efficacité de la gestion du projet et le respect des engagements contractuels. Car, pour cette première phase, il y a 5 406 km non construits.

Parmi les infrastructures routières exécutées, il y a par exemple le bitumage de la nationale numéro 5. Il s’agit du tronçon entre Lubumbashi et Kasomeno. Une route longue de 137 km pour un coût de 92,7 millions. On note aussi la modernisation de l’avenue Tourisme : Kinshasa pour un coût de 29,7 millions $ pour 6,80 km.

Lire la suite : Projet Sicomines : la RDC perd plus qu’elle ne gagne.

Des projets surfacturés et surfinancés

Le rapport met également en lumière quatre projets d’infrastructures surfacturés. Il y a le projet de bitumage de la RN 4 tronçon Beni–Niania pour un coût de 57,7 millions $ pour 14,60 km. Le rapport épingle aussi la modernisation de l’avenue Tourisme à Kinshasa. Ce projet a coûté 29,7 millions $ pour 6,80 km, ou encore la modernisation de l’avenue Lutendele : Coût de 19,9 millions $ (détails supplémentaires non spécifiés)

Ce qui laisse planer le doute sur une possible mauvaise gestion des fonds alloués. Ces irrégularités financières s’ajoutent aux critiques récurrentes sur le manque de transparence dans l’exécution des grands contrats miniers en RDC.

L’analyse du cadre de gouvernance et de gestion des projets Sicomines révèle des failles importantes dans le respect des exigences légales et réglementaires congolaises. Les circuits de gestion, ainsi que les différents intervenants, semblent échapper à un contrôle rigoureux, favorisant ainsi des retards et des dérives financières.

Ce faible taux de réalisation des infrastructures compromet le développement socio-économique promis dans le cadre de ce partenariat. Les populations congolaises, qui devaient bénéficier de routes, d’écoles et d’hôpitaux en contrepartie de l’exploitation des ressources minières, voient une fois de plus leurs attentes déçues.

Appel à une révision du contrat

Face à ce constat, AFREWATCH et LE CONGO N’EST PAS À VENDRE appellent à un audit indépendant des projets Sicomines. Elles appellent également à une renégociation transparente des termes de la convention ; et enfin elles exigent des sanctions pour les responsables en cas de détournement ou de mauvaise gestion avérée.

Le rapport souligne l’urgence d’une meilleure gouvernance des ressources naturelles de la RDC. Alors que le pays reste l’un des plus riches d’Afrique en minerais, les Congolais vivent dans une misère innommable.