Tanganyka: vives réactions après la fermeture du port de Kalemie

Le 8 mai, le ministre national des Transports, Jean-Pierre Bemba ferme 240 ports illégaux . Parmi eux, le port de Kalemie. Celui-ci appartient à la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). Cette décision a provoqué une onde de choc. Pour les habitants de Kalemie, c’est inimaginable. Car ce port est considéré comme le poumon économique de la province. Le fermer, c’est condamner cette province déjà asphyxiée par diverses catastrophes.
Contrairement aux nombreux ports clandestins ciblés par cette opération, le port de Kalemie est une infrastructure appartenant à une société étatique. Sa fermeture suscite des interrogations, notamment sur son impact sur l’approvisionnement et le commerce dans la province du Tanganyika.
Lire aussi : Kalemie : deux sur trois ports privés toujours fermés
Coup fatal à l’économie
En effet, le port de Kalemie se trouve au bord du lac Tanganyika. Il établit une connexion entre la RDC et plusieurs pays. C’est notamment le Burundi, la Zambie et la Tanzanie. Selon le service maritime de Kalemie, les importations de biens atteignent presque 60 000 tonnes annuellement. De ce fait, il agit comme le pilier économique de la province du Tanganyika. Pour le président de la société civile de Tanganyika, fermer ce port, c’est tuer toute une population. « C’est à partir de ce port-là que les marchandises vont en Tanzanie et reviennent de la Tanzanie. Le fermer aujourd’hui, c’est vouer à la mort la population de Kalemie ».
Ce point de vue est également partagé par Nathan Mugisho. Il est de l’association Umoja ni Nguvu. « Cette décision de vouloir fermer ce port, qui nourrit plus de 5000 familles au quotidien, des gens qui y font des petits commerces, de la manutention et du transport, n’est pas la bienvenue à Kalemie« , dit-il. Et d’ajouter : « Sur les 100 % de produits consommés à Kalemie, quelle que soit leur nature (agricoles, vestimentaires, médicaux, etc.), tou est importé et passe par le port public de Kalemie. » Il explique également que la grande partie des recettes de la province et même les recettes nationales de la DGDA, viennent du port public SNCC de Kalemie.
Erreur ?
La fermeture du port de Kalemie résulterait d’une erreur ? D’aucuns le pensent. Car il est donc la plaque tournante de cette ville. Modeste Kabazi, président de la société civile citée ci-haut, le pense aussi. « Il faut noter que ce port existe depuis l’époque belge, donc ce n’est pas un port actuel. Je pense que le ministre des Transports a commis une erreur de lister le port de la SNCC comme un port illégal ».
Cette décision risque d’affecter des milliers de personnes à Kalemie. Car derrière cette décision administrative, il y a des visages. La fermeture de ce port n’est pas qu’une mesure technique , c’est un coup fatal porté à toute une province.
Pour l’heure, le service maritime à Kalemie attend la notification du ministère de l’intérieur pour la mise en application de la décision. En attendant, le port public SNCC de Kalemie reste encore opérationnel et ce, malgré les inondations.