Sud Kivu : encore de victimes de violences sexuelles enregistrées

Le taux des agressions sexuelles atteint un niveau inquiétant dans l’est de la RDC. Dans un communiqué publié ce 11 juin 2024, Médecins sans frontières alerte sur la situation et s’inquiète de l’insuffisance de la prise en charge de victimes. Les actes de violence se multiplient à l’encontre des femmes et des enfants dans les deux Kivu.
En effet, le nombre de victimes prises en charge par les MSF a explosé ces trois dernières années, lorsque les combats entre l’armée congolaise, le groupe armé M23/AFC et leurs alliés respectifs ont repris. En 2024, Médecins sans frontières a pris en charge au moins 40 000 survivantes des agressions sexuelles dans les territoires du Nord-Kivu.
Depuis janvier 2025, la situation est aussi complexe dans le Sud-Kivu où le MSF a pris en charge près de 700 victimes de violences sexuelles dans les territoires de Kahele et d’Uvira. Les victimes racontent avoir été agressées en fuyant les combats.
Insécurité sociale
Selon Calas François, responsable des programmes MSF au Nord-Kivu, le démantèlement de camps de déplacés a conduit plusieurs femmes dans les rues, se retrouvant sans abri. Beaucoup d’entre elles vivent dans des conditions de vie difficiles, souvent contraintes aux actes sexuels pour trouver un hébergement : « les femmes ne sont en sécurité nulle part », a-t-il dit.
Les actes de violence s’intensifient, certaines femmes sont violées devant leurs enfants, certaines devant leurs maris. « Mon mari a résisté après l’irruption des hommes armés dans la maison et a été tué, » explique Nasha, une victime.
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Prise en charge insuffisante
Dans le contexte sécuritaire actuel, l’accès aux soins est devenu difficile. Pas de stocks de médicaments, pas de matériels adéquats afin de sauver les femmes et les enfants. « La prise en charge des femmes et des enfants doit être une priorité », a déclaré Calas François.
D’où la nécessité d’une prise en charge urgente. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables face à cette situation. Luders Leriche, le coordinateur des activités médicales de MSF au Sud-Kivu, estime que les statistiques sont faibles car la peur, la stigmatisation et les déplacements freinent la prise en charge des victimes ainsi que leur identification.
Privilégier l’accès aux soins
En outre les blessures physiques, les femmes victimes vivent avec des séquelles psychologiques graves. Les violences sexuelles constituent une urgence humanitaire. Elles impactent profondément la vie sociale des victimes.
Toutefois, Médecins sans frontières invite les acteurs du conflit à privilégier la protection des populations . Il invite en plus tous les acteurs au respect de la liberté d’accès aux soins. Il exhorte par ailleurs la communauté internationale à maintenir ses efforts financiers dans le but de soutenir les victimes.
Par Divine Mbuyu