RDC: aucune exclusion des élèves filles enceintes dans les écoles 

RDC: aucune exclusion des élèves filles enceintes dans les écoles 

En République Démocratique du Congo, les filles enceintes ne doivent plus être exclues de leurs établissements scolaires. C’est ce qui ressort d’une note circulaire du ministère national de l’éducation et nouvelle citoyenneté publiée le 14 juillet dernier à Kinshasa par son secrétaire général intérimaire Alexis Yoka. Cette décision est inscrite selon le ministère dans le cadre des engagements de la RDC en matière de l’éducation inclusive et de l’égalité des genres. Cette mesure fait débat.

« Il est impératif de garantir à toutes les élèves filles, y compris celles enceintes, l’accès et le maintien dans un système éducatif. Les abandons liés aux grossesses précoces compromettent l’avenir des filles. En outre, elles  renforcent les inégalités » peut- on lire dans cette note circulaire. Berthe Ngoy, un parent rencontré au centre ville de Lubumbashi est de cet avis. Pour elle, la grossesse ne doit pas être un frein à l’autonomisation de la femme. « La grossesse n’est pas un crime. Pour les plus jeunes c’est souvent une erreur. Elle doit être corrigée afin de garantir l’avenir de la jeune fille. L’école est là pour encadrer les enfants et non les rejeter. » déclare- t- elle.

De son coté, Gracielle Mujing, élève, estime que cette décision est à encourager car aucune fille ne doit mettre fin à son cursus scolaire à cause d’une grossesse. Pour cette élève, certaines filles même enceintes veulent continuer leurs études.  » C‘est une opportunité que l’on accorde aux filles afin de ne pas briser les rêves de certaines »  dit elle.

Culture bafouée

Par contre, Betty Mwamba, une mère de famille, déplore cette mesure. Betty déclare que tomber enceinte sous le toit familial est un sacrilège. Dans la société africaine et congolaise en particulier ,c’est un déshonneur. En outre, c’est une honte non seulement pour la fille mais aussi pour toute la famille. « Ne normalisons pas certaines choses, ne bafouons pas nos cultures, la fille à l’école représente toute une famille. Quelle image de la famille véhiculera- t -elle en allant à l’école avec une grossesse à 16 ans. Cette décision ne passe pas. » martèle -t -elle.

Charles Banze, un autre parent, propose par contre que la fille qui attend un bébé,  soit gardée à la maison. Elle pourra reprendre les cours après son accouchement. Sinon, dit-il, que l’Etat construise des écoles appropriées pour de tels cas. « La grossesse pose plus de complications qui demandent un accompagnement. De ce fait, la place appropriée n’est pas l’école. » Il demande par ailleurs au ministère de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté de revoir cette décision.

 Que dit la loi

Toutefois, la RDC n’a jamais adopté une loi qui interdit l’accès de filles enceintes au système éducatif. Sylvie Kolomoni présidente  de l’ONG la Voix du Savoir qui milite pour les droits des femmes révèle que c’est l’opinion publique qui  mets les filles enceintes à l’écart. « Cette note circulaire va d’avantage susciter les débats car plusieurs pensent que c’est encourager la dépravation de mœurs en milieu scolaire. » affirme-t-elle. Et de poursuivre, « Ce sont les préjugés sociaux, le regard des autres qui discriminent  cette catégorie des filles et pas la loi. Il faut donc travailler sur la mentalité congolaise » précise cette avocate.

Lire aussi: Est -RDC : plus de 330 000 enfants déscolarisés ( UNICEF)

Pour sa part,le ministère de l’éducation  nationale et nouvelle citoyenneté appelle tous les établissements scolaires à faciliter le maintient de filles enceintes sans exigences administratives ou scolaires discriminatoires.