RDC – Économie : Flambée du prix de la tomate importée de la Zambie
Le prix de la tomate connaît une hausse spectaculaire sur les marchés de plusieurs villes du sud de la République Démocratique du Congo. Cette partie du pays importe de la Zambie voisine plus de 20 000 tonnes de tomate par mois. Cela représente une moyenne annuelle de 270 000 tonnes de tomate. En deux mois,le prix d’une caisse des tomates est passé du simple au double.
Autour du marché de la commune de Kenya communément appelé marché Zone, quelques camions chargés des tomates y sont stationnés. Certains commerçants sont arrivés il y a deux jours. Tout le monde se précipitent pour écouler sa marchandise. Mais la tache n’est pas aisée car le commerce de la tomate est en ébullition. En deux mois, le prix d’une caisse de 30 Kg a doublé. En effet, il est passé de 45 000 Fc (15 $) à 90 000 Fc (30$)
Madame Lydie est vendeuse des tomates depuis une dizaine d’années. Son commerce devient compliqué à cause de cette hausse du prix. »Avant j’achetais une caisse de tomates à 25.000 francs congolais. Aujourd’hui, le prix a augmenté, c’est 90.000 ! C’est devenu très compliqué de faire du bénéfice », dit -elle.
Sa voisine vient également de se procurer une caisse des tomates. Elle n’est pas certaine de tout vendre car les clients se font rares. En outre, ceux qui arrivent, se plaignent des variations des prix. »Nous achetons cher, et cela nous oblige à vendre cher. Quant aux clients , ils n’achètent plus comme avant’‘, déplore-t-elle.
A lire aussi, RDC: baisse du budget de l’agriculture et l’enseignement en 2025
Les causes d’une hausse en chaîne de la tomate
Cette flambée du prix des tomates s’explique par plusieurs facteurs. Le premier facteur est la baisse de la production zambienne liée aux conditions climatiques défavorables. C’est ce que déclare l’inspecteur de l’agriculture dans la commune de la Kenya, Jean Marie Mwamb.
» La saison sèche n’est pas favorable à la culture de la tomate puisqu’elle ne supporte pas le froid. Cette année , il fait plus froid en Zambie que les années précédentes », explique-t-il.
Le deuxième facteur se résume par des tensions persistantes sur le taux de change entre le franc congolais et le kwacha zambien. En effet, depuis quelques mois, les importateurs observent une fluctuation du taux de change. » Avant 100 Kwacha valaient 11 000 Fc . Aujourd’hui, 100 kwacha se changent à 14.000 Fc . Cela impacte sur le prix. Une caisse des tomate coute en Zambie 500 Kwacha. Cette caisse, rendue à Lubumbashi, revient à 60 000 ou 65 000 FC », explique de son côté Patrick Ngoy, un importateur. En outre dit-il, les frais de douane sont excessifs auxquels il faut ajouter le transport.
Quid de la culture locale des tomates
Face à cette situation, plusieurs les importateurs ainsi que le service de l’agriculture élèvent la voix pour encourager une relance de la production locale. Des ONG et experts agricoles appellent à investir dans la chaîne de valeur locale pour réduire la dépendance à l’importation. Alexis Mbumb est le président de l’association des agriculteurs sans frontière.
» Les coopératives agricoles ont besoin d’un appui financier. Il faut leur doter par exemple des serres car elles coutent cher. Une serre se vend à 5 000$. De plus, les agriculteurs ont besoin d’ une formation accélérée. »
Le paradoxe est que nous avons des terres fertiles, de l’eau, du soleil, mais nous dépendons encore de la tomate étrangère , regrette David Mpombo, un autre importateur
Pour le service de l’agriculture, le retour à la normale pourra intervenir pendant la saison chaude. En attendant, la flambée du prix de ce fruit se fait sentir même chez les détaillants.