RDC: 3% de taux de création d’emplois entre 2010 et 2023 ( Banque Mondiale )

RDC: 3% de taux de création d’emplois entre 2010 et 2023 ( Banque Mondiale )

Avec une croissance économique robuste de 6,5 % en 2024, la République démocratique du Congo (RDC) figure parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique. Un chiffre impressionnant, qui masque cependant une réalité plus préoccupante . Cette croissance ne crée pas suffisamment d’emplois ni ne réduit efficacement la pauvreté.

Le dernier rapport de la Banque mondiale, intitulé « Réévaluer les incitations fiscales : le rendez-vous manqué des promesses de croissance et d’équité », dresse un constat sans équivoque. La croissance congolaise est tirée essentiellement par le secteur minier, un secteur à forte intensité capitalistique mais à faible intensité d’emploi.

« Le taux moyen de création d’emplois entre 2010 et 2023 n’a été que de 3 %, soit la moitié du taux de croissance économique sur la même période », souligne le rapport.

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Un secteur minier peu inclusif pour la création d’emplois

En 2024, le secteur extractif a enregistré une croissance spectaculaire de 12,8 %, porté par l’essor des exportations de cuivre et de cobalt. Mais cette performance s’est peu traduite sur le marché de l’emploi. Le secteur minier ne contribue qu’à 0,21 point d’élasticité de l’emploi, un chiffre extrêmement bas pour une économie à forte croissance.

À l’inverse, les secteurs des services, du commerce et des transports, plus susceptibles d’absorber de la main-d’œuvre, restent sous-exploités.

La pauvreté recule lentement

Malgré les bonnes performances économiques, le taux de pauvreté reste alarmant : environ 72,9 % de la population vit encore avec moins de 2,15 dollars par jour, selon les estimations de 2024. Le revenu par habitant, quant à lui, demeure inférieur à celui de 1960, à l’aube de l’indépendance.

La Banque mondiale pointe également la forte croissance démographique (6,1 naissances par femme en 2022), qui annule en partie les gains économiques et accentue la pression sur les services sociaux.

Des jeunes sans perspectives

Autre défi majeur : le chômage des jeunes. L’emploi des jeunes est dominé par l’informel, la précarité et les bas salaires. Près de 7 jeunes sur 10 travaillent au-delà de la durée hebdomadaire normale, sans protection sociale ni stabilité.

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Le rapport estime que la RDC devrait créer entre 2 et 4 millions d’emplois par an pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail et amorcer une réduction significative de la pauvreté.

Un impératif de diversification

Ce « paradoxe congolais » met en lumière l’urgence d’une diversification économique. Pour que la croissance bénéficie au plus grand nombre, il faut sortir de la dépendance minière et stimuler des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, comme l’agriculture, les services, l’industrie légère et les infrastructures.

Enfin, l’amélioration du climat des affaires, des politiques éducatives et de l’inclusion financière figure parmi les leviers indispensables pour transformer la croissance en développement inclusif.