Lubumbashi : enfants guides, entre mendicité et dignité

À Lubumbashi, il est rare de marcher sans rencontrer un enfant qui accompagne un adulte en situation d’handicap physique ou visuelle. Au centre ville, ces enfants sillonnent les grandes artères, les marchés ainsi que les magasins, aux arrêts bus afin de quémander auprès de l’argent pour aider son parent ou grands-parents . Ce phénomène courant expose non seulement les enfants aux agressions physiques et psychologiques mais également à la mendicité.

Les raisons souvent évoquées sont liées à la situation sociale de la famille. Ce garçon de 11ans, vêtu d’un polo noir, mains tendues, murmure  «  mama… saidia» en Kiswahili. Ce qui se traduit «maman… aidez nous.» Sous anonymat, cet enfant indique qu’il accompagne chaque matin son grand père au centre ville afin de trouver quelque chose pouvant les aider à payer de la nourriture. « nous venons chaque jour à pied du quartier Bel air jusqu’au centre ville pour demander. Sinon nous n’allons pas manger. C’est moi qui demande puisque mon grand père est muet » dit-il avec innocence.

À quelques mètres de ce magasin, une autre dame d’une soixantaine d’années est assise. C’est une aveugle. Une cane à la main, tenant l’épaule d’un petit garçon, les deux parcourent les avenues afin de demander aux passagers de l’argent ou autres choses comme de l’eau . «  ce garçon est mon appui, s’il partait à l’école qui va m’aider. D’ailleurs les moyens me manquent pour le scolariser » déclare- t- elle.

Les droits des enfants ignorés

Cependant , cette situation de détresse que vivent les adultes, ne favorise pas le développement de l’enfant. Ce phénomène social vient relancer le débat sur le non respect  de différents droits des enfants. Par exemple, le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à la dignité ainsi qu’à la sécurité.

Qu’est ce que dit la loi ?

En RDC, la loi portant protection de l’enfant encadre cette situation. Selon Maître Benjamin Muyumba, avocat au barreau de Lubumbashi «  les articles 62 et 63 indiquent que l’exposition d’un enfant à la mendicité constitue un danger pour sa sécurité, sa santé ainsi que son développement.» Et d’ajouter « un enfant ne peut pas être utilisé dans le but de susciter la pitié .» En outre, cet avocat souligne que la loi insiste sur le rôle de l’Etat dans la mise en œuvre de protection spéciale de l’enfant. C’est notamment l’assistance sociale aux familles en difficulté , la prise en charge des enfants exposés à la mendicité ainsi que leur placement dans de centres d’accueil.

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Toutefois, certaines voix se lèvent afin d’appeler au partage de responsabilités. Les personnes en situation d’handicap, les personnes de troisième âge ne doivent pas être réprimandées. L’État doit mettre en place des mesures durables afin de favoriser leur autonomie et préserver la vie des enfants.