RDC-agriculture : un géant en terres, nain en productivité

La République démocratique du Congo possède de quoi nourrir toute l’Afrique, mais sa population dépend encore largement des importations. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La productivité en agriculture en RDC reste parmi les plus faibles de la région.
Terre fertile, climat favorable, immensité des surfaces arables (…), tous les ingrédients semblent réunis pour faire de la République démocratique du Congo (RDC) le grenier de l’Afrique. Pourtant, les chiffres récents de la Banque mondiale et de la FAO dressent un constat implacable. Le pays reste à la traîne par rapport à ses voisins en matière de productivité agricole.
En effet, le pays dispose de près de 80 millions d’hectares de terres arables et 4 millions d’hectares de terres irrigables selon la FAO. Uniquement 1 % est cultivé. Pourtant, chaque année, le pays importe pour plus de 3 milliards de dollars de produits agricoles, selon le ministère de l’Agriculture.
Une productivité en agriculture parmi les plus faibles de la région
Avec un PIB agricole par habitant estimé à environ 120 dollars, la RDC se situe loin derrière l’Ouganda (400 dollars) ou la Zambie (350 dollars). Des pays à la population dense et aux ressources terrestres restreintes comme le Rwanda (320 dollars) surpassent même le géant congolais.
Ce retard est également confirmé par la production alimentaire par habitant : à peine 0,3 tonne, soit moitié moins que celle de l’Ouganda (0,7 tonne). En d’autres termes, malgré l’immensité de son territoire cultivable, chaque Congolais génère nettement moins de nourriture que ses voisins.
Lire aussi : RDC: baisse du budget de l’agriculture et l’enseignement en 2025
Une croissance trop lente
La croissance de la productivité agricole en RDC plafonne à 1,2 % par an. À titre de comparaison, la Zambie, le Rwanda et l’Ouganda dépassent les 3 %. Cette lente progression s’explique par un accès limité aux intrants (engrais, semences améliorées), une mécanisation quasi inexistante et des investissements publics faibles dans le secteur.
« Le potentiel de la RDC est immense, mais il reste inexploité. Tant que l’agriculture demeurera extensive et de subsistance, le pays ne pourra pas rivaliser avec ses voisins », analyse un expert agricole basé à Lubumbashi.
Le paradoxe des importations alimentaires
Bien que la RDC possède 80 millions d’hectares de terres cultivables, les importations alimentaires s’élèvent approximativement à 45 dollars par personne. Ce contexte souligne la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement locales qui ne parviennent pas à satisfaire les exigences internes. Cependant, la Zambie et l’Ouganda parviennent à diminuer leur dépendance extérieure tout en exportant certains produits alimentaires en raison d’une structuration supérieure de leurs chaînes de valeur.
Grâce à des politiques agricoles dynamiques, à l’accompagnement des agriculteurs et à une meilleure accessibilité des intrants, l’Ouganda s’est affirmé comme un leader au niveau régional. Quant à la Zambie, elle a privilégié l’adoption de la mécanisation et le soutien à ses secteurs céréaliers.
Le Rwanda, malgré ses terres réduites par habitant, réussit à obtenir une productivité élevée grâce à une intensification agricole maîtrisée et des programmes d’accompagnement ciblés.
La situation congolaise illustre un paradoxe persistant : un pays aux ressources agricoles colossales, mais où la population reste exposée à l’insécurité alimentaire. Le pays doit mettre en place un véritable plan de modernisation, de mécanisation, de financement, d’accès aux intrants et de structuration des marchés. Sinon le pays risque de rester un « géant endormi », dépendant de ses importations pour nourrir sa population.