Luisha : la communauté dit non à la délocalisation du Lycée Lubusha

Luisha : la communauté dit non à la délocalisation du Lycée Lubusha

 

Ce mercredi 27 aout à Luisha, l’atmosphère est électrique. Habitants, élèves et autorités coutumières se mobilisent pour dire non à la délocalisation du lycée Lubusha. Situé au cœur de la communauté, l’établissement scolaire est menacé par l’expansion des activités minières des sociétés Excelent et COMILU.

Il est 11 heures lorsque la délégation conduite par l’Archevêque de Lubumbashi, Monseigneur Fulgence Muteba, arrive à Luisha, à près de 90 km de la ville de Lubumbashi. Ici, une foule de manifestants l’attend.    Femmes, enfants, élèves, jeunes et notables du village forment un cortège animé par des chants et des slogans : « Non à la destruction de Lubusha », « Nous refusons les problèmes à Lubusha ».

Face à la foule, le chef de la localité de Luisha groupement Katanga Victor Kibi Kasemo  dénonce une « injustice . « Nous n’accepterons jamais que l’on détruise Lubusha. Nous disons non. Si on detruis cette école, où iront étudier nos enfants? s’interroge t-il.

Un membre de la société civile de Luisha prend la parole. Pour lui, il est impensable que l’on délocalise Lubusha. « Cette école aide beaucoup des jeunes filles.  Nous demandons à l’État congolais de faire partir ces sociétés minières, car elles ne contribuent pas au développement de la localité.

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Les femmes en bouclier

Très visibles dans la mobilisation, les femmes s’indignent.  Pour elles, le lycée Lubusha est un symbole de l’émancipation des filles. Car, cette institution ne forme que les filles. La détruire, c’est aussi nuire à la cause de la femme. Anny Shabani est parent d’une élève au lycée Lubusha. « Cette école est là pour éduquer les filles pour qu’elles deviennent comme les autres femmes à travers le monde. Détruire Lubusha, c’est détruire l’avenir de nos filles. » et d’ajouter : « Nous revendiquons le droit de nos filles à avoir une bonne instruction. »

Françoise Kamin est une habitante de Luisha.  Pour elle, délocaliser Lubusha c’est empêcher les filles de la localité d’étudier. « Cette école aide nos jeunes filles. Nous sommes très pauvres ici, nous n’avons pas les moyens pour envoyer nos enfants étudier en dehors de Luisha », dit-elle. Elle explique par ailleurs que la destruction de Lubushi va influer sur l’avenir de ces filles.

Délocalisation du lycée Lubusha : les élèves réclament leur droit

Ces vives tensions surviennent alors que les élèves sont en vacances scolaires. Toutefois, certaines sont présentes. C’est le cas de Tshibola Kabange, vêtue en pagne, elle exprime son indignation. « Je refuse la délocalisation du lycée, car cette école est un bijou ! », dit-elle.

En effet, le lycée Lubusha est un bijou, un patrimoine tant cultuel que culturel. Construite en moellon dur et en malachite, cette architecture est majestueuse. Cette école regorge en plus d’une école primaire et secondaire des trois sections, d’un internat avec une capacité de 800 lits. L’école dispose aussi d’un laboratoire.

Un symbole d’injustice sociale

L’Église catholique s’est aussi invitée à cette manifestation. L’archevêque de Lubumbashi, Fulgence Muteba, est descendu sur place. Fulgence Muteba martele. « Il n’y aura pas de délocalisation », dit-il. « Ce que j’exige, c’est la justice et le bon sens », dit-il avec fermeté. « Je voudrais que quelqu’un n’ait même pas l’idée de délocaliser cette institution. Nous allons résister, nous allons nous mobiliser pour dire non à la délocalisation du lycée Lubusha », dit-il avec insistance.

Au-delà de ce conflit, la contestation révèle la cohabitation difficile entre projets miniers et droits sociaux de base dans le Haut-Katanga.