Procès Mutamba, un verdict qui interroge la justice congolaise

Procès Mutamba, un verdict qui interroge la justice congolaise

Le verdict du procès de l’ex-ministre de la Défense est tombé. Mutamba est coupable ! Mais loin de clore le débat, il ouvre une nouvelle brèche dans l’opinion publique : la justice congolaise a-t-elle parlé au nom du droit, ou au service d’intérêts politiques ?

Les faits sont là, implacables. Ce procès, qui mettait en jeu un ancien ministre, était suivi de près par la population. Non pas seulement pour connaître le sort d’un homme, mais surtout pour tester la capacité des juges à trancher avec indépendance. Et aujourd’hui, selon que l’on soit partisan ou adversaire, le jugement est perçu tantôt comme une victoire de l’État de droit, tantôt comme une démonstration de plus de l’instrumentalisation des institutions.

« Je ne suis pas surpris par cette sentence contre Mutamba. Il est éliminé politiquement« , a dit par exemple Jean-Claude Katende, un activiste des droits humains. D’autres comme le mouvement citoyen Lutte pour le Changement ont exprimé leur satisfaction. « La condamnation de Constant Mutamba pour détournement de fonds publics est un signe encourageant dans la lutte contre l’impunité en RDC« , a écrit La Lucha sur la plateforme X.

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La confiance…

 Ces divergences ne sont pas anodines. Elles révèlent une faille profonde.  Dans un pays où la justice devrait être la colonne vertébrale de la démocratie, chaque verdict à haute visibilité devient un test de confiance.  Et la justice continue d’être regardée avec suspicion. Chaque verdict devient un procès, non seulement de l’accusé, mais aussi de l’institution judiciaire elle-même.

Le cas Mutamba, désormais clos sur le plan juridique, reste ouvert sur le plan politique et moral. Car un peuple qui doute de sa justice est un peuple qui doute de son avenir. Et si les Congolais n’ont pas confiance en leurs tribunaux, c’est l’État tout entier qui chancelle.

Le vrai défi, après ce verdict, est donc de briser ce cycle de méfiance. Il ne suffit plus de juger. Il faut convaincre, par la transparence et la rigueur. Que la justice congolaise n’est pas le masque d’une politique, mais la voix du droit. Et celui-ci, en dépit de son vernis légal, soulève davantage de doutes que d’apaisement. Si la justice ne parvient pas à inspirer respect et sérénité, c’est tout l’appareil de l’État qui vacille dans l’esprit des citoyens.