Lubumbashi: distance et coût, freins à une maternité de qualité à Mawawa

En République démocratique du Congo, accoucher dans certains milieux ruraux reste un problème majeur de santé de la reproduction. Par exemple au village Mawawa de la commune de Kampemba, les femmes enceintes parcourent de longues distances, environ cinq kilomètres, afin d’atteindre un centre de santé ou une maternité publique. Faute d’infrastructure sanitaire dans ce village, certaines femmes s’accouchent à domicile, mettant ainsi en danger la santé de la mère et celle de l’enfant.
Le village Mawawa, situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Lubumbashi, ne compte aucune structure sanitaire. Pour donner la vie en toute sécurité, les femmes de ce village doivent se rendre dans un hôpital public de Kafubu. Cette structure sanitaire est à plus ou moins 5 kilomètres du village. À cause de la distance, certaines préfèrent se rendre au village voisin de « Kanamankuntu » à moins de 2 km. Cependant, elles doivent débourser 2 500 FC par trajet à moto, selon Mado Mwema, une habitante du village. Selon elle, ce coût de transport est onéreux.
Dans ce village les maisons d’habitation sont éloignées de la route principale. Ce qui rend difficile l’accès rapide au transport. « Quand une femme a de fortes contractions, il faut rapidement envoyer quelqu’un pour trouver une moto. Cela peut aller jusqu’à 10 minutes de marche« , explique Marie Kabongo. Ensuite, la route qui conduit à la maternité est un calvaire. Elle est couverte de poussière et parsemée de trous en cette période, tandis qu’en saison des pluies, elle devient glissante et boueuse.
Des longs trajets au péril de la vie de la mère et de l’enfant
Par ailleurs, Adolphine Samba, infirmière titulaire, tient un centre de santé privé au village « Kanamankuntu. C’est la seule structure sanitaire dans le périmètre de ces deux villages. Parmi les services organisés dans ce centre, il y a la maternité. Cette infirmière indique que la distance que les femmes enceintes parcourent pour atteindre le centre est dangereuse. « L’état de la route, les secousses sur la moto peuvent provoquer des accidents. Ainsi la femme peut facilement accoucher en chemin », déclare-t-elle.
D’autres femmes du village Mawawa s’accouchent à domicile et sans assistance. Et les conséquences sont quelques fois irréparables, déplore l’infirmière Adolphine Samba. « Par deux fois , j’ai été appelé pour intervenir lors des accouchements au village Mawawa . Je suis arrivée trop tard. Le bébé était sorti du sein maternel mais la partie inférieure est restée coincée dans l’utérus de la maman. À mon arrivée, le nourrisson était déjà décédé. Il fallait procéder au curetage sur place », déclare-t-elle. Cette infirmière précise aussi qu’elle conseille toujours les femmes enceintes de venir au centre de santé le plus tôt possible.
Le prix est aussi un frein
Outre la distance, le cout de la maternité dans le centre de santé privé Ariel est un frein majeur pour les femmes de ce milieu. Elles estiment que le prix devrait être revu à la baisse car il ne correspond pas au pouvoir d’achat de la population. « Nous sommes dans un village. On devait payer même 20 000 FC pour un accouchement normal, mais on nous taxe 50 000 FC », déplore Maguy Kapinga rencontrée en chemin avec son bébé.
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De son côté, Adolphine Samba, l’infirmière, considère que le prix est accessible à tous. Elle indique que les femmes qui suivent la consultation prénatale au centre déboursent 30 000 FC pour l’accouchement. Tandis que celles qui n’ont pas suivi les séances de consultation prénatales , payent 50 000 FC. Elle ajoute qu’étant un centre de santé privé, le prix est abordable comparativement aux hôpitaux publics qui fixent à 100 000 FC les frais d’accouchement.
A Mawawa, chaque naissance est égale à une distance parcourue. Cette situation illustre les problèmes quotidiens auxquels certaines femmes en milieu rural font face pour accéder à une maternité de qualité.