Lualaba: 27 agriculteurs libérés mais l’ avenir incertain avec Kamoa

Vingt-sept agriculteurs des villages environnants de la mine Kamoa, dans la province du Lualaba, ont retrouvé leur liberté vendredi dernier. Ces hommes venaient de purger une peine de six mois de prison ferme à Kolwezi pour « trouble à l’ordre public ». Leur condamnation faisait suite à une manifestation en avril dernier contre la société minière Kamoa SARL, accusée d’avoir affecté leurs terres sans compensation.
En septembre 2024, Kamoa avait demandé aux agriculteurs d’abandonner leurs champs pour permettre l’expansion de sa mine à ciel ouvert, avec la promesse d’une indemnisation. Mais selon Lambert Memba, coordonnateur de la Nouvelle société civile à Kolwezi, le processus a été interrompu. Tout a ainsi basculé, dit -il.
« Des opportunistes se sont greffés aux communautés, faussant les calculs et doublant le montant prévu. La société a alors renoncé à l’indemnisation en espèces », explique-t-il.
Face à ces difficultés, Kamoa SARL, spécialisée dans l’extraction de cuivre et de cobalt, a décidé de se tourner vers l’exploitation souterraine.
L’ argent, une option de compassion interdite
Certains manifestants espéraient une compensation financière. Mais l’édit provincial de 2022 interdit explicitement toute indemnisation monétaire des terres. Son article 15 dispose : « Les terres affectées, mises en valeur ou non, sont remplacées par d’autres terres équivalentes. La compassion monétaire des terres est interdite. »
Pour apaiser les tensions, la Nouvelle société civile a obtenu de Kamoa un nouvel engagement. L’entreprise devrait fournir des semences et un tracteur afin de soutenir la mécanisation agricole des communautés concernées. Cet engagement a été pris au cours d’une réunion de concertation tenue trois jours avant la libération des agriculteurs.
Cette promesse pourrait ainsi leur permettre de préparer sereinement la prochaine saison culturale.
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Des arrestations des agriculteurs contestées
Les condamnations de ces 27 agriculteurs avaient suscité une vive polémique à Kolwezi. Plusieurs ONG, dont CASMIA, avaient dénoncé une atteinte à la liberté d’expression et réclamé un dialogue inclusif. Elles rappelaient que la Constitution garantit le droit de manifester pacifiquement.
Aujourd’hui libres, ces agriculteurs reprennent leurs activités. Mais le différend foncier avec Kamoa reste entier. Il laisse planer l’incertitude sur la cohabitation future entre l’entreprise minière et les communautés locales.