Lubumbashi: accès aux soins de santé, un défi pour les personnes en situation d’handicap

L’accès aux soins de santé de qualité pour les personnes vivant avec un handicap demeure un problème majeur de santé publique à Lubumbashi. La réalité quotidienne démontre de plus en plus une dose de discrimination qui impacte la vie de ces personnes. La RDC compte environ 13 millions de personnes porteuses d’un handicap. Le pays porte également une loi qui protège le droit à la santé pour les personnes vivant avec handicap. Malgré la création du ministère chargé des personnes en situation de handicap en 2019, leur accompagnement demeure faible.
À Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga, l’accès aux soins n’est pas facile pour les personnes en situation de handicap. Certains se découragent même de se rendre à l’hôpital par crainte de coûts élevés de soins. Gisele Badenge dit qu’elle manque les moyens financiers nécessaires pour avoir accès aux soins de santé de qualité et à un suivi constant d’un spécialiste. « Quand j’ai des douleurs, je préfère encore l’automédication que me rendre dans un hôpital. Là-bas, le prix ne me permet pas, vu mon faible revenu mensuel« , déclare-t-elle.
Jean-Paul Kasongo, une autre personne vivant avec handicap, indique qu’hormis les moyens financiers, il manque également un appareil adéquat qui peut lui permettre de se déplacer seul vers un hôpital. « Chaque fois que je me sens mal, on doit me prendre comme un enfant pour aller dans un centre de santé », déplore-t-il. Mado Bintu, mère d’un enfant handicapé, déclare qu’elle a déjà abandonné l’idée d’aller faire consulter son enfant. « Actuellement nous prions seulement que le Seigneur nous aide. À l’hôpital il n’y a pas un meilleur accompagnement, parfois le regard et les propos du personnel soignant ne sont pas courtois », précise-t-elle.
Lire aussi : RDC : l’inclusion des personnes vivant avec handicap reste un problème.
Que dit la loi ?
En effet, entre le manque de ressources financières et celui d’infrastructures adaptées et l’absence de l’application de sanctions telles qu’indiquées par la loi, ces personnes à mobilité réduite restent encore exclues du système sanitaire. En RDC, la Constitution indique que toute personne vivant avec handicap a droit à la protection et la promotion sociale. Cependant la loi organique du 3 mai 2022 portant protection et promotion des droits des personnes stipule que toute personne qui présente un handicap a droit à l’accès aux services nécessaires de réadaptation à base communautaire dans le secteur de l’éducation, notamment de la santé. De plus, à l’article 15 de cette même loi, on indique que ces personnes ont également droit aux conditions équitables et raisonnables, à une assurance maladie sans discrimination.
La non application des lois, un frein pour un accès aux soins
Selon Mwange Martine, une personne vivant avec handicap et défenseuse de personnes en situation de handicap à Lubumbashi, plus de 4 000 personnes vivant avec handicap n’ont pas accès aux soins de qualité. Pour elle, les textes doivent être respectés pour faciliter un accès équitable aux soins sanitaires de qualité. « La santé est un droit fondamental. Actuellement les appareils sont couteux, le prix varie entre 300 dollars américains et plus. Dans les hôpitaux, nous payons comme tout le monde, aucune gratuité. »
Et d’ajouter : « Depuis plusieurs années, les organisations luttent pour l’applicabilité de lois. Parfois on nous flatte en une année avec 4 appareils orthopédiques qui ne comblent même pas 10 % de besoins de personnes vivant avec handicap. Pourtant, la loi est claire concernant toutes les dispositions sanitaires. Nous voulons une société inclusive, nous ne devons pas quémander ce qui nous est reconnu comme droit », déclare-t-elle.
À Lubumbashi comme dans certaines villes du pays, les personnes en situation de handicap ont un accès restreint aux soins de santé. Par manque d’une bonne prise en charge sanitaire et faute des appareils orthopédiques recommandés, bon nombre d’entre elles se retrouvent avec des plaies. Celles-ci engendrent également d’autres maladies. Ce qui vient encore dégrader la santé. Par ailleurs, les handicapés sensoriels en souffrent de plus en plus par manque de personnel qualifié. C’est le cas de ceux qui ne maitrisent pas la langue des signes pour les sourds, aussi le braille pour les aveugles, précise Mwange Martine.