Lubumbashi : le journaliste Serge Shimatu agressé au bureau du conseil communal

Lubumbashi : le journaliste Serge Shimatu agressé au bureau du conseil communal

La liberté de la presse, déjà fragile en République démocratique du Congo, vient de subir un nouvel affront. Cet après-midi à Lubumbashi, Serge Shimatu, journaliste au journal Le Défi congolais, a été violemment agressé alors qu’il couvrait la plénière du conseil communal, au cours de laquelle la bourgmestre de la commune annexe, Mireille Tshileshe, devait s’expliquer sur des soupçons de mauvaise gestion des ressources de la commune. 

Devant une assemblée censée être un espace de transparence et de redevabilité, des partisans ont choisi la brutalité pour faire taire les témoins gênants. Le journaliste Serge Shimatu, dont la seule faute était d’exercer son métier, a été pris à partie, humilié et molesté. Un acte inacceptable qui jette une ombre sur l’image des institutions locales.

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En fait Serge Shimatu avait produit un article au début du mois de septembre sur la gestion de la commune annexe.    Cet article intitulé « Commune annexe : détournement de 65 550 000 de CDF des actes de mariage par Madame la bourgmestre Mireille Kileshe » ? Le journaliste s’est basé sur le rapport de la commission Écofin du conseil communal de la commune annexe.

« J’ai fait mon travail en tant que journaliste et éthique professionnelle. Tout ce que j’ai écrit là, j’étais fidèle au rapport qui a été publié par la commission Ecofin du consei  communal de la commune annexe. Je n’ai jugé personne », denonce-t-il.

Apparemment l’article n’a pas plu à certains partisans. Cependant, la loi prévoit des voies de recours lorsqu’on se sent lésé par un écrit d’un journaliste. C’est par exemple le droit de réponse, pourtant ces derniers ont choisi la brutalité et la violence.

Retour sur l’agression du journaliste Serge Shimatu

Durant la plénière, un mouvement suspect alerte. Quelques partisans se revendiquant de l’UDPS et fanatiques de la bourgmestre tiennent des conciliabules. « C’est ce journaliste qui publie des choses sur les réseaux sociaux« , dit l’un d’eux.    Un certain temps plus tard, ils arrivent pour retrouver le journaliste. « Nous allons te soulever et personne ne fera rien », dit l’un d’eux.

Après la séance, ils cherchent à mettre la main sur le journaliste qui tente de leur échapper. Alors que tous les journalistes présents ont été conviés à la conférence de presse, trois hommes lui tombent dessus. Ils lui donnent des coups, le saisissent dans ses habits, le brutalisent.

Tout ceci se déroule en présence de la bourgmestre de la commune annexe Mireille Tshileshe et des membres du bureau du conseil communal. Personne ne dit mot. Ce que déplore  Serge Shimatu. »Ce qui est marrant, ca s’est passé devant la commission des conseils communaux, dans la salle des premières. Ce n’est pas normal, vraiment« .

Quelques journalistes tentent de s’interposer sans succès.  Sans l’intervention d’un agent de police présent sur les lieux, la situation aurait pu se détériorer.

Cette agression dépasse le cadre d’un simple incident isolé. Il traduit une tendance dangereuse où les journalistes deviennent des cibles, chaque fois qu’ils font leur travail.  Laisser passer sous silence un tel acte reviendrait à cautionner la violence et à museler la presse.

Pour l’heure, le journaliste dit craindre pour sa securité.