Lubumbashi : les boissons à forte dose envahissent la ville

À Lubumbashi, dans les marchés, les petits kiosques, les quartiers ainsi que dans les arrêts de bus, les boissons alcoolisées à fortes doses s’y vendent en toute quiétude. Ces boissons s’achètent à bas prix, souvent entre 500 et 1000 CDF. Sur les 10 kiosques visités au quartier Tabac Congo de la commune de Kampemba 8, 8 vendent ces produits. Sur les quatre arrêts de bus au centre-ville, ligne Tabac-Congo, Mégastore et Kabulamenshi, Pengapenga, ces boissons se vendent en toute discrétion.
Il est 08 h ce jeudi 18 septembre 2025 au quartier Tabac Congo, sur la route Kafubu. Devant un petit kiosque, les jeunes, d’une vingtaine d’années environ, sont assis. Chacun à son tour prend un ou deux verres d’une boisson alcoolisée à forte dose de la fabrication artisanale. Un verre coute 500 CDF. « Tout le monde ne peut pas se permettre d’acheter une boisson à 2500 CDF, je bois ceci fabriqué localement et c’est moins couteux », déclare un jeune consommateur rencontré sur place.
À quelques mètres de là, vers le marché non loin de l’ancien cimetière Tabac, un autre kiosque, dans lequel se vendent les boissons alcoolisées à fortes doses importées. Sur l’emballage c’est écrit « V8 ». La bouteille est vendue à 1000 CDF. Ici, la discrétion est de mise. Ainsi, le consommateur mélange cette boisson à une autre. Souvent il change de bouteille à l’achat même. « Ces boissons viennent de la Zambie, nous achetons un carton entre 10 et 20 dollars américains à partir d’ici« , confie un tenancier de kiosque.
Ce constat est le même dans les arrêts de bus au centre-ville. À l’arrêt de bus de Kenya, vers le marché Mzee, ce sont les vendeurs de cigarettes et de boissons gazeuses qui vendent ces produits à forte dose. Ainsi, les chauffeurs et les receveurs s’en procurent régulièrement.
Des dépôts clandestins
Les tenanciers de kiosques se procurent ces boissons alcoolisées à forte dose dans des dépôts clandestins. Certains produits proviennent d’une importation et d’autres sont fabriqués localement. Les boissons qui sont importées sont souvent vendues dans des petites bouteilles de 30 ml, voire 50 ml, ou en petits sachets.
Cependant, celles qui sont de la fabrication artisanale n’ont pas d’emballage. Aucun étiquetage, aucune date de péremption, aucune indication sur la composition. Selon une fabricante artisanale, trois à quatre jours est la durée normale de la préparation de cette boisson. « La durée de la fermentation dépend d’une personne à une autre. Il y a ceux qui préparent ça avec le maïs et la farine de manioc. Actuellement il y a ceux qui fabriquent en brulant les étapes de fermentation et y mettent du sucre« , explique-t-elle.
Un grand danger pour la santé
Cette réalité n’est pas seulement vécue au quartier Tabac Congo. Elle est aussi dans les arrêts de bus et dans d’autres quartiers de Lubumbashi. Ces boissons alcoolisées à forte dose sont dangereuses pour la santé de ses consommateurs, souligne un médecin luxembourgeois. « La consommation excessive de ces boissons entraine plusieurs troubles. Par exemple, troubles de mémoire, de concentration et un peu plus tard un manque d’appétit. Ce qui peut causer des problèmes de foie (cirrhose hépatique). Et cela entraîne des gonflements des mains et des pieds et celui du ventre et l’amaigrissement », indique-t-il.
Outre les troubles sanitaires que peuvent causer ces boissons, certains Lushois pensent que leur consommation conduirait plusieurs jeunes à la délinquance. « Dans plusieurs quartiers, il y a ce que l’on appelle staff. On y trouve beaucoup de jeunes qui consomment ces boissons parfois sous les yeux de services de sécurité. S’il y a moyen que l’on interdise la fabrication locale. Et aussi l’importation comme on l’avait fait il y a quelques années« , dit Patrick Kapya, habitant de Tabac Congo.
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Il faut dire qu’il y a quelques années le gouvernement provincial du Katanga avait interdit l’importation des boissons alcoolisées à forte dose. Il avait également procédé à la fermeture des usines qui les produisaient localement. À l’heure actuelle, l’autorité urbaine et la police procèdent parfois à des rafles des vendeurs de ces boissons. Cependant, le commerce et la commercialisation ne faiblissent pas.