Haut-Katanga : la malnutrition infantile, un défi pour les pauvres

Haut-Katanga : la malnutrition infantile, un défi pour les pauvres

La petite enfance est la période où la croissance est déterminée. Ceci implique une bonne alimentation et  équilibrée. Cependant, dans la province du Haut-Katanga, certains ménages peinent à nourrir leur bébé correctement à cause de la pauvreté. Ainsi, un grand nombre des enfants sont malnutris. Le Programme national de nutrition a noté en 2023 un taux de prévalence de la malnutrition de 44 % des enfants de 0 à 59 mois. 

Dans le village de Mawawa situé à l’ouest du quartier de Kafubu, Aline, 55 ans, est grand-mère, elle s’occupe des enfants de ses filles qui vendent au marché. Parmi ces enfants, deux n’ont pas encore une année. L’un a sept mois et l’autre neuf mois. Elle est assise dans une cour commune. Ces deux enfants mangent déjà le foufou (un plat typique de la RDC préparé avec la farine de maïs). « Dès qu’ils ont atteint deux mois, ils ont commencé à consommer le foufou. Parfois, avec cette crise, nous achetons juste une mesurette de farine pour eux », raconte Aline. « Nous manquons de ressources », murmure-t-elle.

Comme elle, des milliers de mères dans la province du Haut-Katanga, surtout en milieu rural, peinent à offrir à leurs enfants une alimentation équilibrée après six mois. Car dans ces milieux beaucoup de familles sont pauvres. Dans ces environnements, les nourrissons subissent la faim tout comme les adultes.

Les plus vulnérables : zones rurales et ménages pauvres

Effectivement, la malnutrition a pour l’une de ses origines la pauvreté. En RDC, les enfants des zones rurales et des ménages à faible revenu sont les plus exposés. Car les familles privilégient la quantité à la qualité, se contentant de ce qu’elles produisent : manioc, maïs ou patate douce. Ainsi, les enfants mangent des repas monotones et pauvres en nutriments.

On retrouve cette situation au village de Lupoto, situé au nord-ouest, à environ trente kilomètres de la ville de Lubumbashi. Marlene Mbaya est assise, tenant dans ses bras son nourrisson de 13 mois. Elle lui donne du thé rouge avec un pain sec. « Je lui donne également de la bouillie de riz« , dit-elle toute gênée.  Marlene explique qu’elle n’a pas de choix. Elle ne peut nourrir son bébé avec ce qu’elle a.

La pauvreté persistante, l’inflation des prix des denrées alimentaires et le manque d’infrastructures de santé compliquent davantage la situation. À cela s’ajoute une faible sensibilisation à la nutrition. Car beaucoup de parents pensent qu’un ventre plein suffit, mais un enfant a besoin de bien plus pour grandir. « Un enfant a besoin de tous les nutriments pour assurer sa bonne croissance« , explique le docteur Etienne Mpoyo, responsable du centre de nutrition à l’hôpital de référence Jason Sendwe à Lubumbashi.

Un problème alarmant

Dans la province, la malnutrition est alarmante. « C’est réellement préoccupant.  Dans notre province, c’est un problème de santé publique. Donc le problème, il est alarmant », insiste le docteur Étienne Mpoyi. Il explique par ailleurs que le centre de nutrition de l’hôpital général Nsendwe reçoit plus d’enfants en situation de malnutrition. « Et parfois, les enfants sont en malnutrition sévère« , dit-il encore.

Un exemple supplémentaire est le village Poleni, qui se trouve à 15 km de Lubumbashi, dans le territoire de Kipushi. Au cours des trois derniers mois par exemple, le village a recensé 27 cas.

Le Programme national de nutrition dans le Haut-Katanga indique pour sa part que la malnutrition est réelle. Car beaucoup d’enfants sont malnutris. « Le rapport d’enquête de 2023 indique que la province du Haut-Katanga a une prévalence de malnutrition de 44,7 % et un taux de prévalence de la malnutrition sévère de 4,5 % », a indiqué Ilunga Antoine, responsable du programme dans la province.

Lire aussi : Kalera : des cas de malnutrition sans prise en charge

Une alimentation équilibrée ?

S’il est vrai que la malnutrition touche en majorité les bébés issus de familles pauvres, cependant il est possible d’améliorer les choses. « Alors, si vous êtes dans une famille pauvre, mais que vous ingérez les aliments qui peuvent vous donner ces nutriments dont on a besoin, l’enfant ne sera pas malnutri« , insiste encore le nutritionniste Mpoyo.  L’OMS insiste sur le fait que la diversification alimentaire est essentielle pour éviter la malnutrition chronique.

La nutrition des enfants après six mois est primordiale. Sans une alimentation équilibrée, la croissance et la santé de ces enfants sont compromises. Cependant, la pauvreté empêche des milliers de familles de nourrir d’une manière équilibrée leurs enfants.