Kolwezi : Musonoie, cité fissurée sous le poids des mines

Kolwezi : Musonoie, cité fissurée sous le poids des mines

Le soleil se lève sur Musonoie ce vendredi 26 septembre 2025.  Cette ancienne cité de la Gécamines aujourd’hui encerclée par les carrières et remblais de la société Commus. Dans les ruelles poussiéreuses, chaque pas résonne comme un rappel de la fragilité des lieux. Des murs lézardés se dressent, penchés, menaçant de s’écrouler. Des enfants jouent pourtant dans la poussière rouge, entre les gravats et les fissures, inconscients du danger qui plane sur leurs têtes.

Sous une toiture fendue, Sylvain Ngombe Mujinga Mobutu, âgée de 80 ans, montre du doigt une large crevasse qui traverse son salon. « La pluie s’annonce déjà, avec l’état de nos maisons je n’attends que le jour de ma mort », dit-il avec amertume. Sa femme à côté regarde avec désespoir les fissures de sa maison collée avec la boue.

À quelques mètres de là, la maison de Clément Mbuyu, un père de famille, est sur le point de s’effondrer. Ses deux enfants s’y amusent comme s’il s’agissait d’un dessin tracé sur le sol. Mais lui ne sourit pas. « La situation s’aggrave du jour au jour. Nous vivons dans la peur. Chaque jour nos maisons se fissurent encore plus et d’autres s’écroulent, la terre se divise », lâche-t-il, amer.

Comme Sylvain et Clément, de nombreuses familles qui habitent les cellules d’Oshwe et de Maindombe vivent la peur au ventre.  Car leur maison risque de s’écrouler à tout instant.

Lire aussi : RDC – Exploitation minière : graves menaces sur la santé de la reproduction

La délocalisation ?

Pourtant, il y a quelques mois, l’annonce d’une délocalisation avait ravivé un espoir. Une commission composée de délégués provinciaux, d’acteurs de la société civile et des représentants des familles avait identifié 170 maisons à indemniser. Mais depuis janvier 2025, le processus est figé, laissant les habitants de quartiers comme Oshwe et Maïndombe suspendus à des promesses non tenues.

L’Initiative pour la bonne gouvernance et les droits humains (IBGDH) multiplie les alertes. Dans un récent communiqué, son coordonnateur, Donat Kambola, évoque « une absence criante de l’autorité de l’État ».
« L’effondrement des maisons à Kolwezi, que ce soit à Musonoie, à la Gécamines ou à Biashara, met en péril des milliers de vies. C’est le symbole de l’impuissance des autorités face aux entreprises minières qui bafouent la législation en vigueur.

En parcourant Musonoie, on croise des visages marqués par la résignation. Des familles entières dorment chaque nuit sous des toits fragiles, certains soutenus par des bouts de bois comme ultime rempart contre l’effondrement. La poussière recouvre les arbres, les toits et même le linge suspendu devant les maisons. Ici, tout respire l’abandon.

Dans la province du Lualaba, ce drame n’est pas unique. Partout, les communautés vivent la même peur, coincées entre l’appétit minier et l’indifférence des autorités. La loi existe, le Code minier est clair. Mais à Musonoie, ce sont les fissures qui parlent plus fort que les textes.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *