Kolwezi : Quartier Bel Air, pas d’eau potable mais l’eau issue d’une mine

Kolwezi : Quartier Bel Air, pas d’eau potable mais l’eau issue d’une mine

Au quartier Bel Air dans la commune de Diala à Kolwezi, les habitants n’ont pas accès à l’eau potable. Le quartier ne compte que quelques puits de forage. Pour répondre aux besoins en eau, les habitants recourent à l’eau de la canalisation provenant de la mine de Ruashi Mining. 

Dès le matin, des centaines d’habitants du quartier Bel Air 1 et 2 à Kolwezi accourent vers le canal d’eau de la société Ruashi Mining. Des femmes, des hommes, des jeunes filles comme des garçons arrivent avec des récipients pour ravitailler les ménages. Pendant que les uns lessivent, à côté des bambins se font plaisir de se  baigner dans le canal. Dans ce quartier, il n’existe aucun robinet. En outre, les puits ont tari en cette saison sèche. Les femmes affirment qu’elles n’ont pas d’autre choix.

« Les agents de sécurité de l’entreprise Ruashi Mining nous interdisent d’utiliser cette eau. Mais nous n’avons pas d’eau partout dans ce quartier. Que devons-nous faire alors ? » s’interroge madame Sandra en lessivant. Elle affirme par ailleurs que cette eau n’est utilisée que pour certains besoins ménagers. « Nous utilisons cette eau seulement pour torchonner, se laver, pour faire la lessive et la vaisselle. Cependant, nous consommons l’eau de puits de forage situés loin d’ici », précise-t-elle.

Une eau dangereuse  à Kolwezi ?

A l’œil nu, l’eau qui coule dans ce canal est incolore. Cependant, elle transporte une couche importante de mousses et dégage également une petite odeur d’origine inconnue. Cette eau est-elle dangereuse pour la santé ? Personne parmi les habitants du quartier Bel Air n’a la réponse.

Deux adolescentes venues aussi se ravitailler en eau dégagée par l’entreprise Ruashi Mining reconnaissent néanmoins les effets sur la santé.  « Quand tu utilises cette eau pour le bain, le savon ne mousse pas. Après le bain, la peau devient terne et ne veut pas absorber la lotion. De plus, un contact à l’œil peut être douloureux comme un piment pendant quelques secondes« , affirme Angèle, l’une d’elles.

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Clarisse indique pour sa part qu’en plus des yeux, d’autres parties du corps réagissent également au contact de cette eau.  » Souvent quand je me lave avec cette eau, j’ai des démangeaisons sur les parties intimes », dit cette adolescente de 15 ans. À côté d’elle se tient une femme adulte qui confirme ces propos.

Des réactions ?

Contacté pour en savoir plus sur la qualité de cette eau qui provient de la mine de l’entreprise Ruashi Mining, l’observatoire pour l’environnement de l’université de Lubumbashi se réserve. Il promet néanmoins de faire des prélèvements de cette eau, de les analyser avant de se prononcer.

De son côté, la société Ruashi mining, a dans une déclaration de ce mardi donné sa position face aux accusations de pollution.

Les responsables de Ruashi Mining SAS – Projet Musonoi, affirment que l’entreprise n’a pas pour mission d’assurer la gestion ni le traitement de l’eau de la rivière. « Toutefois, elle veille à prévenir toute forme de pollution susceptible de provenir des eaux s’écoulant de la mine vers la rivière », disent-ils.

À cet effet, soutient encore la société que des tests réguliers sont effectués . Ils visent à s’assurer que les eaux issues de la mine souterraine de Ruashi Mining SAS – Projet Musonoi ne contaminent pas le cours d’eau. Enfin,  elle alerte sur la qualité de l’eau.  » Il est toutefois important de souligner que l’eau de la rivière n’est pas potable . Elle ne doit en aucun cas être utilisée à des fins domestiques », conclut la société.

Bel Air est un quartier perdu et coupé des réalités de la ville de Kolwezi, capitale mondiale du cobalt. Le mur de la clôture de l’entreprise Ruashi Mining le sépare du reste de la commune de Dilala. Au-delà du manque d’eau, ce quartier est aussi privé d’électricité et il n’y a pas d’écoles.

 

 

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