L’IRDH dénonce la spoliation de la concession de l’INERA Kipopo

L’IRDH  dénonce la spoliation de la concession de l’INERA Kipopo

L’Institut national pour l’étude et la recherche agronomique Kipopo à Lubumbashi est victime de spoliation de son site de Kashimbala . Cette institution, connue comme pilier de la recherche agronomique congolaise, voit une grande partie de son terrain être occupée par des individus soutenus par les militaires. L’IRDH dénonce les actes d’extorsion sous le silence complice de certaines autorités locales. Ainsi, il se tourne vers les autorités nationales afin de trouver des solutions concrètes.

Selon l’IRDH, ces occupations illégales sont effectuées par un particulier qui revendique 3 800 hectares. Les opérations d’expulsion s’étendent jusqu’à plus de 8 000 hectares et 10 000 parcelles, y compris celles qui appartiennent à l’INERA Kipopo. L’IRDH déplore le fait que ces opérations d’expulsion soient en effet menées avec la complicité de certains militaires et des autorités locales.

 » Le particulier qui se réclame propriétaire de 3 800 hectares, n’est même pas connu par le conservateur de Kipushi. De plus, ce dernier ne reconnait pas l’emphitéose qu’il brandit, déclare Hubert Tshiswaka, directeur de l’IRDH. Et d’ajouter : « Les magistrats et la direction générale de migration n’ont aucun document autorisant la confiscation des terrains de l’INERA, ni ceux des privés qui se trouvent en face. »

L’INERA a ses contrats bien reconnus depuis l’époque coloniale.

L’INERA Kipopo évolue depuis plus de 50 ans sur ce site. Il dispose en son sein de plus de 100 ingénieurs et agents. Il emploie également 208 piscicoles et détient une station forestière expérimentale. Par ailleurs, André Kabey, coordonnateur de l’INERA Kipopo souligne que les démarches menées localement pour recouvrer les droits de l’institution n’ont pas abouties. Pour lui, les grands spoliateurs sont le chef Kaponda et celui du groupement Inakiluba qui vendent des terrains.

Par ailleurs, l’INERA possède des documents largement reconnus par le service des titres fonciers de Kipushi. « Les activités de spoliation ont commencé le 14 août 2024. Plusieurs démarches ont été menées mais aucune avancée n’a été constatée au niveau local. Le cadastre de Kipushi avait demandé à chaque partie d’apporter son titre foncier. Jusqu’à présent personne n’a déposé ses documents », dit-il.

De plus, André Kabey explique que certaines activités sur le site de l’INERA sont suspendues par peur de représailles car la menace est réelle. « L’INERA n’est pas un bien abandonné. Les essais de la foresterie ont été totalement décapés.  Nous ne savons pas évoluer, nous sommes bloquées » regrette-t-il.

La chefferie Kaponda rejette les accusations

Pour sa part , la chefferie Kaponda rejette les allégations selon lesquelles elle aurait spolié la concession de l’INERA.

«  L’homme qui se réclame propriétaire d’une concession de 3 800 hectares au village de Kashimbala détient des faux documents. La chefferie ne lui a jamais délivré de documents fonciers. En revanche, c’est l’INERA qui détient les documents légaux de sa concession  », déclare le grand chef Kaponda.

Par ailleurs, le grand chef Kaponda affirme apporter son soutien à l’INERA afin qu’il soit remis dans ses droits. Aussi, il soutient que les parcelles vendues au village Kashimbala par le groupement Inakiluba sont en dehors du périmètre de la concession de l’INERA.

Le gouvernement central appelé à intervenir

L’IRDH indique que ce cas de spoliation doit être traité au niveau national car le ministre de la Recherche scientifique avait déjà fait part de la situation à la Première ministre Judith Sumwina. Aujourd’hui, ce dossier oppose trois institutions publiques. Il s’agit de la magistrature, de la DGM et de l’INERA. « Le Conseil des ministres doit se pencher sur ce dossier. La première ministre doit répondre à la lettre de dénonciation du ministre de la Recherche scientifique« , indique Hubert Tshiswaka. Et il poursuit : « Si le gouvernement central ne réagit pas, nous irons plus loin et nous allons saisir le président de la République. »

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Outre les deux institutions de l’État, Hubert Tshiswaka affirme que les militaires sont visibles à Kashimbala. Plusieurs victimes ont déjà déposé leurs plaintes à l’auditorat militaire de garnison de Lubumbashi. « Un dossier est en instruction à l’auditorat militaire de garnison . Cependant, il traine encore. Le magistrat instructeur ne sait pas avancer parce que ses chefs lui demandent de classer l’affaire », Hubert Tshiswaka.