Cobalt : entre hausse de demande et système de quotas en RDC

La République démocratique du Congo veut désormais peser sur le marché mondial du cobalt. Après plusieurs mois d’interdiction, Kinshasa a levé, le 16 octobre 2025, la suspension des exportations de ce minerai stratégique. Mais pas question de revenir au statu quo : un système de quotas d’exportation a été instauré pour encadrer le commerce du cobalt brut. Pendant ce temps, la demande du cobalt en hausse indique Cobalt Institute dans son rapport du 3ᵉ trimestre 2025.
Premier producteur mondial, la RDC fournit plus de 70 % du cobalt utilisé dans les batteries de voitures électriques, smartphones ou ordinateurs. Pourtant, la plus grande partie de cette richesse quittait le pays sans réelle valeur ajoutée. Avec ces quotas, le gouvernement cherche à reprendre le contrôle du marché et à stabiliser les prix.
Quotas face à la demande du cobalt
Selon les nouvelles règles instituées par la RDC, les exportations se limiteront à environ 96 600 tonnes par an, réparties entre un quota de base et un quota stratégique. Ce qui représente 45 % de la demande mondiale. Cependant, pour l’année 2025, les quotas attribués n’atteindront que 18 125 tonnes. Seules les entreprises minières actives et régulières pourront exporter. L’objectif : réduire les stocks mondiaux et créer un équilibre plus favorable aux producteurs congolais.
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Mais cette politique pourrait bouleverser le marché. Le rapport du 3ᵉ trimestre 2025 indique que la demande mondiale, estimée à 213 000 tonnes cette année, continue d’augmenter malgré une légère baisse des prévisions. En revanche, la limitation de l’offre depuis la RDC risque de provoquer une tension sur les chaînes d’approvisionnement et de faire grimper les prix. Car selon les prévisions, la demande du cobalt pourrait augmenter de 6 % en 2026.
Craintes
Pour certains analystes, pour qu’elle soit profitable, cette décision doit être coordonnée avec les autres États. Car ce système risque de bénéficier aux pays avec moins de production. « Ce type de décisions devrait être des mesures coordonnées avec les pays producteurs de cobalt. Ainsi, on pourra avoir cette visibilité commerciale plus globale et voir de quelle manière le marché est réglementé », explique Fréddy Kasongo, secrétaire exécutif de l’Observatoire d’études et d’appui à la responsabilité sociétale (Oaerse).
En outre, Fréddy Kasongo insiste sur l’urgence de cette coordination. Car le monde réfléchit déjà aux technologies de substitution du cobalt dans l’armement et peut-être même dans les énergies renouvelables. « Il est temps que les responsables des institutions comprennent que la question du cobalt est une question stratégique, technique, économique et même sociétale,« , insiste-t-il. Pour lui, c’est important pour la RDC d’qu’ils aient des discussions un peu plus larges pour que les quotas ne se limitent pas seulement aux exportations, mais aussi à la valorisation.
Avec cette stratégie, la RDC envoie un message fort : le temps où elle subissait les règles du marché est révolu. Le cobalt devient désormais un instrument de souveraineté économique et un levier de puissance nationale.