RDC-Santé : quand la tension artérielle monte, des vies s’effondrent !
Elle ne fait pas mal, ne prévient pas, et pourtant elle tue. L’hypertension artérielle, souvent surnommée le « tueur silencieux », gagne dangereusement du terrain dans les foyers congolais. Aujourd’hui, près d’un Congolais sur trois vit avec une tension élevée, souvent sans le savoir. Résultat : des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des insuffisances cardiaques et des décès soudains se multiplient dans tout le pays.
À Lubumbashi, Monique, une vendeuse de fruits et légumes, en a fait l’expérience. « J’étais tout le temps fatiguée, j’avais des maux de tête et mon travail en souffrait », raconte-t-elle. « Une fois, je me suis évanouie et à l’hôpital ma tension était de 220 sur 190« , raconte-t-elle encore.
Monique a eu de la chance, car certains ne survivent pas. Angel Ngoie raconte : « Notre mère avait fait un AVC. Elle a néanmoins succombé après quatre ans de soins, raconte-t-elle d’une voix tremblante. Ces drames illustrent une réalité nationale. L’hypertension tue en silence. Et bien souvent, faute de dépistage, de moyens ou d’informations.
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Une épidémie silencieuse en chiffres
Selon le Programme national de lutte contre les maladies cardiovasculaires, environ 30 % de la population congolaise serait hypertendue. Des chiffres en forte progression depuis les années 1980. Par exemple, en 1987, la prévalence était de 14 %. En 2009, elle atteignait déjà 27,6 %. Ce programme indique également qu’entre 2019 et 2023, le nombre de nouveaux cas a encore grimpé. Il est passé de 13,2 % à 15,2 %.
Effectivement, des nouveaux cas sont en forte progression. C’est ce qu’indique le docteur Costa Tshinzam, médecin urgentiste aux cliniques universitaires de Lubumbashi. « L’hypertension n’est plus un problème individuel, c’est une urgence nationale. » Il explique par exemple qu’aux urgences des cliniques universitaires entre 70 et 80 % des patients admis présentent des complications liées à la tension élevée.
Ce médecin urgentiste insiste également sur le fait que l’hypertension touche toutes les tranches d’âge. « Si la majorité ont entre 40 ans et plus, nous recevons parfois des patients très jeunes, entre 30 et 40 ans, voire même dans la vingtaine« , indique-t-il encore. De plus, cette maladie ne choisit pas les catégories sociales ou encore le sexe.
En outre, l’hypertension est une tueuse silencieuse. « La plupart des personnes souffrant d’hypertension ne ressentent aucun symptôme« , indique l‘OMS. Verlaine Muleka, la quarantaine révolue, en a fait l’expérience. Elle a frôlé la mort après un malaise en janvier 2024. « Je lisais un livre le soir. Du coup j’ai eu des forts maux de tête et puis plus rien », raconte-t-elle. « Je me suis réveillée deux jours après à l’hôpital« , raconte-t-elle encore. Toutefois, comme l’indique l’OMS, les pressions artérielles très élevées peuvent toutefois causer des maux de tête, une vision floue, des douleurs thoraciques et d’autres symptômes.
Tension : prévenir, c’est vivre plus longtemps.
Pour des spécialistes, la prévention est la meilleure solution. Des gestes simples, mais souvent négligés, peuvent sauver. C’est ce que pense le docteur Serge Rupas, cardiologue au Centre médical Diamant de Lubumbashi. Pour lui, la réduction du sel au maximum à 5 g/jour, une alimentation équilibrée, c’est-à-dire riche en fruits, légumes, céréales complètes, pauvre en graisses saturées, et une activité physique régulière peuvent prévenir la tension.
En outre, il insiste sur la nécessité de maintenir un poids sain, de limiter l’alcool, d’éviter le tabac, de réduire le stress et aussi d’avoir un suivi médical régulier si des facteurs à risque tels que l’âge, l’hérédité, le diabète.

