AMI: la CENCO dit non à la balkanisation de la RDC

AMI: la CENCO dit non à la balkanisation de la RDC

La Commission épiscopale nationale du Congo, CENCO, hausse le ton sur la gestion des ressources naturelles de la RDC. Cette structure de l’Église catholique dit non à la balkanisation du pays, notamment à cause de sa richesse minière. Elle interpelle également les décideurs congolais sur les questions de transparence, de redevabilité et de bonne gouvernance.

La CENCO a lancé cette interpellation ce mercredi lors de l’ouverture à Lubumbashi du forum Alternative Mining Indaba. Face aux enjeux mondiaux, notamment sur la transition énergétique, l’Église catholique rappelle l’interprétation du pape François.

« Retirez vos mains de la République démocratique du Congo. Retirez vos mains de l’Afrique. Cessez de toucher l’Afrique. Elle n’est pas une mine à exploiter, ni une terre à dévaliser. »

Par ailleurs, elle appelle les dirigeants du pays à prendre leurs responsabilités. Pour la CENCO, « la République démocratique du Congo, c’est un don de Dieu. Ce n’est pas une propriété privée » , a déclaré Jeanne Kanda, membre de la Commission épiscopale pour les ressources naturelles.

En effet, les ressources minérales de la RDC suscitent des convoitises du monde. En plus de la Chine, les États-Unis et l’Union européenne se bousculent également pour avoir leur part du gâteau. Des accords ont même déjà été signés avec le gouvernement congolais. Cependant, la CENCO interroge sur le rôle que la RDC, pays producteur des minéraux, devrait jouer. Pour l’Église catholique, le vrai Congo est souvent absent dans les négociations car les intérêts privés passent avant ceux du pays.

 » Qu’avons-nous fait de ce pays ? « lance encore Jeanne Kanda

Faire entendre la voix des communautés 

La rencontre d’acteurs de la société et des délégués du pouvoir à Lubumbashi est une occasion pour faire entendre la voix des sans-voix. C’est l’un des objectifs que s’est fixé le forum Alternative Mining Indaba.

En effet, de plus en plus, des voix s’élèvent pour dénoncer les conditions de vie médiocres des  communautés impactées par l’exploitation minière. Pour la CENCO, les Congolais sont en partie responsables. Il n’y a aucun malheur qui arrive aux Congolais sans que les Congolais ne soient derrière, déplore encore l’Église catholique. « Nous sommes nous-mêmes cause de nos souffrances, soit par la paresse, soit par l’égoïsme, soit par la recherche freinée de nos propres intérêts« , dit-elle.

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La CENCO appelle ainsi le gouvernement ainsi que les autres acteurs du secteur minier à écouter les cris des Congolais. En effet, le fossé entre la richesse minière et la pauvreté de la population se creuse d’année en année. Néanmoins, la République démocratique du Congo est souvent reconnue comme le premier producteur de cobalt au monde et le troisième producteur de cuivre. De ce fait, la CENCO hausse le ton.

« Le peuple vit dans la misère. Le peuple subit la délocalisation injuste. Il croupit dans le non-respect de ses droits. Le peuple souffre. Le peuple meurt à cause des minéraux que nous pouvons appeler minéraux de sang. »

Et l’une des communautés qui demandent à être écoutée par les décideurs congolais est celle du lycée Lubusha. Cette école des filles construite en marbre est actuellement menacée de destruction au profit de l’exploitation minière. L’Église catholique affirme qu’elle ne cédera pas.

Non à la balkanisation

Le conflit armé a marqué l’est de la RDC pendant trois décennies. De plus, l’activité minière en est la raison fondamentale. De plus, aujourd’hui, une partie du Nord et du Sud-Kivu échappe au contrôle du gouvernement de Kinshasa. La CENCO craint l’éclatement du pays.

« Nous refusons la balkanisation du Congo. Le Congo doit rester uni », insiste Jeanne Kanda.

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Enfin la CENCO soutient que grâce à ses richesses, la RDC reste le salut pour les Congolais et pour l’humanité, et non la victime du monde.