RDC-hydrocarbures: un secteur marginal mais lourdement politisé

RDC-hydrocarbures: un secteur marginal mais lourdement politisé

L’industrie pétrolière de la République démocratique du Congo n’a pas un poids significatif dans l’économie du pays. Cependant, il a un poids considérable dans les discours politiques. Un paradoxe mis en relief par le rapport d’Ebuteli et du Groupe d’études sur le Congo (octobre 2025) intitulé « Les paradoxes des ambitions de la RDC dans le secteur des hydrocarbures ».

D’après les statistiques du ministère des Hydrocarbures, la production quotidienne de la RDC n’est qu’environ 25 000 barils, ce qui est considérablement inférieur à celle de l’Angola ou du Nigeria. En 2022, les hydrocarbures n’ont contribué qu’à 4,46 % des revenus extractifs du pays, contrairement au secteur minier qui a apporté plus de 95 %. Malgré tout, le thème reste au cœur des débats politiques. Des ministres, des conseillers et des entreprises liées au pouvoir y portent un intérêt, comme si le pétrole était le garant de l’avenir économique du Congo.

Ebuteli évoque un « secteur marginal mais extrêmement politisé« . Quelle en est la raison ? L’accès aux contrats pétroliers reste une source de rente politique. Les droits d’exploration, les négociations de blocs et les partenariats servent souvent à récompenser des proches du régime ou à financer des réseaux d’influence. « L’économie politique du secteur s’est construite autour de la spéculation, non de la production« , note le rapport.

Les exemples abondent.

Sous Joseph Kabila, des sociétés comme Caprikat, Foxwhelp ou Sud Oil ont obtenu des blocs sans expérience ni capacité technique. Sous Félix Tshisekedi, la même logique continue, explique Ebuteli.

L’appel d’offres de 2022, lancé pour 30 blocs d’hydrocarbures, s’est soldé par un échec. Seuls trois blocs gaziers du lac Kivu ont été attribués, dans des conditions opaques. “Les entreprises sélectionnées étaient, pour la plupart, sans garanties financières ni compétences réelles”, rappelle Ebuteli. Pendant ce temps, les habitants de Moanda, eux, vivent la réalité du pétrole : la pollution, la pauvreté et l’abandon.

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Le contraste est saisissant.

Les profits se font ailleurs, loin des puits, loin des victimes. Actuellement, le gouvernement lance de nouveaux appels d’offres. Cependant, il n’y a aucune certitude que les enseignements du passé seront retenus. Ebuteli conclut avec lucidité : “En RDC, le pétrole rapporte peu à l’État, mais beaucoup à ceux qui savent le manipuler.

Tant que la gouvernance ne change pas, le pétrole congolais restera un petit producteur mais un grand enjeu politique, insiste le rapport.