Santé- cancer de prostate : comprendre, dépister et prévenir

Santé- cancer de prostate : comprendre, dépister et prévenir

Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus courants chez l’homme. Il est souvent considéré comme un tabou. Pendant longtemps il est demeuré silencieux en Afrique en général et en RDC en particulier. Comprendre cette maladie, savoir se dépister et adopter des gestes préventifs peuvent sauver des vies.

Selon l’OMS au niveau mondial, le cancer de la prostate est désormais le deuxième cancer le plus fréquent après le cancer du sein, avec une estimation de 30 cas pour 100 000 personnes en Afrique. Ce chiffre varie considérablement d’un pays à l’autre. À Lubumbashi par exemple, avec 13,2 %, le cancer de la prostate est classé deuxième après celui du foie et le cancer du sein est troisième. Ces données ont été rendues publiques en octobre dernier lors de la conférence sur le lancement d’Octobre rose à l’École de santé publique.

Comment se développe le cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est une multiplication anormale des cellules dans la zone périphérique de la prostate. « Ces cellules se développent de manière désordonnée, forment une tumeur. Plusieurs facteurs peuvent favoriser cette maladie, notamment l’âge avancé, les antécédents familiaux, les hormones, certaines habitudes alimentaires, l’origine africaine, ou encore des expositions professionnelles », explique Mechack Ngoie, un médecin généraliste de Lubumbashi.

Urologie Davody indique que le nombre restreint d’éjaculations pourrait être une cause de développer le cancer de la prostate. Au moins 21 éjaculations par mois à ce rythme, l’homme s’expose à un risque réduit de 22% de souffrir d’un cancer de la prostate par rapport à celui qui n’éjacule pas plus de 7 fois par mois. Cependant, pour l’OMS la génétique joue un rôle essentiel. Des études montrent un taux de mortalité élevés chez les hommes africains par rapport aux hommes d’autres origines. Cela s’explique par une combinaison de facteurs biologiques génétiques et sociaux. Ces recherches montrent que les hommes d’origine africaine présentent davantage de caractéristiques génétiques associées à des formes plus agressives et difficiles à traiter du cancer de la prostate.

Le docteur Mechack Ngoie indique que le dépistage du cancer de la prostate se fait grâce à plusieurs examens. Il y a d’abord le toucher rectal, qui permet d’évaluer la taille et la consistance de la prostate. À cela s’ajoute un dosage sanguin pour mesurer l’antigène spécifique de la prostate, ainsi que des examens comme l’échographie ou l’IRM. « Le dépistage est conseillé entre 45 et 50 ans, et dès 30 ans pour les hommes à risque. » Le médecin rassure que le toucher rectal peut être un peu gênant, mais il n’est pas dangereux.

Un diagnostic précoce pour une possible guérison

Selon ce personnel médical, au début, le cancer de la prostate n’a souvent aucun symptôme. Il évolue à bas bruit et les signes apparaissent souvent à un stade avancé. « Avec le temps, certains symptômes peuvent se manifester, comme la difficulté à uriner, la douleur. Également la diminution du jet urinaire, l’envie fréquente d’uriner, la présence de sang dans les urines ou parfois l’impossibilité totale d’uriner. Ces signes doivent pousser à consulter rapidement un médecin », déclare-t-il.

Par ailleurs, ce médecin souligne qu’il est possible de guérir si le diagnostic et le traitement sont faits à temps. « Les traitements varient selon les cas et peuvent inclure la chirurgie. La chimiothérapie ou d’autres méthodes selon le stade du cancer. Cependant, en RDC l’accès aux soins reste difficile, car les ressources sont limitées. Et les patients n’ont pas toujours accès à une prise en charge complète », déplore-t-il.

Lire aussi : Dépistage du cancer : l’accompagnement psychologique est vital.

Briser le tabou pour une meilleure prévention

Le cancer de la prostate n’est pas une fatalité. Il peut être traité et même guéri si l’on agit tôt. « Les hommes doivent apprendre à se faire dépister régulièrement et à ne pas ignorer les signes. Parler de sa santé, c’est déjà un pas important vers la prévention. Souvent les hommes ont peur de se faire dépister par manque d’information. Surtout par peur et également par tabous liés à la santé sexuelle masculine« , martèle-t-il. Outre le dépistage précoce, le médecin recommande une alimentation équilibrée, l’exercice physique régulier. Aussi l’évitement du tabac et de l’alcool pour réduire le risque de contracter le cancer.

Selon l’OMS, en dépit des initiatives de sensibilisation et de dépistage instaurées dans divers pays d’Afrique, il y a encore un long chemin à parcourir pour optimiser la prévention, le diagnostic précoce et l’accès aux soins. Cela inclut aussi d’importantes campagnes de sensibilisation pour combattre la maladie. Il s’agit également de s’attaquer aux tabous et de dissiper les idées erronées selon lesquelles la maladie de la prostate est liée à certaines pratiques sexuelles.