Lubumbashi: les accords de Washington signés entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis au cœur du débat

Lubumbashi: les accords de Washington signés entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis au cœur du débat

Les accords de Washington signés entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis continuent de susciter débat et inquiétudes. Lors d’une conférence-débat à Lubumbashi, organisée par l’IRDH en collaboration avec renaissance congolaise ce 26 novembre ,chercheurs, analystes et citoyens ont mis en lumière les enjeux géopolitiques, sécuritaires et miniers de ces accords. Ils ont aussi pointé les faiblesses du pays.

Pour Patrick Mbal,  l’un des orateurs, la lecture des accords doit se faire à travers la géopolitique régionale. La RDC, selon lui, cherche avant tout à protéger son intégrité territoriale. Le Rwanda de son coté, adopte une stratégie plus étendue mêlant géopolitique et géostratégie. Il a rappelé qu’une grande partie de l’économie rwandaise dépend du sol et du sous-sol congolais, ce qui nécessite pour la RDC de mettre en place une véritable politique de sécurité pour ses minerais. « La RDC doit être forte, quand on est faible on peut facilement être piétiné.  Alors elle doit travailler à rendre ses institutions fortes » a t il expliqué.

De son côté, Freddy Mulumba de Renaissance congolaise a attiré l’attention sur la dimension minière des accords. Selon lui, la RDC risque de perdre le contrôle de ses ressources si les futurs échanges miniers sont régis par des normes étrangères, en particulier les normes américaines. Il a également dénoncé l’exploitation intensive des mines au Katanga par certaines entreprises étrangères.

L’élite congolaise appelée à agir dans un monde en plein mutation

De plus, il a lancé un appel à l’élite congolaise à défendre activement les intérêts du pays plutôt que de subir les décisions prises par d’autres. La RDC se retrouve encore au centre de la compétition entre la Chine et les Etats unis mais cette fois pour le compte de minerais.

« La chine occupe une grande partie des entreprises minières .A ce rythme le Katanga risque de disparaitre d’ici 2050. Il ne restera que de trous. Nous sommes dans un monde en pleine mutation géopolitique. Il y ‘a une compétition entre les grandes puissances notamment la chine et les Etats unies. La RDC doit se lever, particulièrement le Katanga. Les scientifiques doivent penser à élever le débat afin de sauver le pays.  » a t il dit.

Le peuple veut être consulté avant toute signature d’accord

Lors du débat, Carmel une participante a rappelé l’importance de consulter la population avant la signature d’accords majeurs, en soulignant les erreurs du passé. Elle a indiqué que jusqu’à ce jour la RDC a signé plusieurs accords et la population n’a jamais été consulté. « Avant de signer tout accord, il est essentiel de consulter la population impactée particulièrement les femmes. Ce sont elles qui sont  plus victimes de cette guerre. Les décisions qui engagent la nation ne doivent plus se prendre sans une consultation» a t elle déclaré.

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Par ailleurs, Tshibwadi, analyste politique a critiqué le détachement des dirigeants par rapport aux conséquences des accords sur le peuple. « Les gouvernants actuels ne sont pas inquiets de ce que peut subir le peuple congolais. Tout ce qui importe ce sont leurs intérêts » a t il déploré.

Toutefois, malgré leurs approches différentes, les intervenants se sont accordés sur un constat commun. La RDC reste un acteur affaibli, incapable pour l’instant d’imposer ses intérêts sur le plan régional et international. La conférence a ainsi ouvert un débat crucial sur l’avenir de la souveraineté congolaise. Pour certains participants si les accords peuvent représenter une opportunité afin de stabiliser l’Est et relancer la coopération régionale, il faut une vigilance, un leadership et une implication réelle de la population pour éviter que le pays ne soit toujours en position de faiblesse.