RDC : l’impact de l’exploitation minière sur la forêt de Miombo
Les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba au sud-est de la RDC sont couvertes en grande partie par la formation végétale de miombo. Depuis la libération du secteur minier, l’on constate la disparition d’une grande partie de cette forêt. En dépit de l’exploitation artisanale et d’abattage d’arbres, c’est l’exploitation minière industrielle qui contribue fortement à la déforestation de la région.
Les résultats des recherches de l’ONG Afrewatch sont formels. Depuis la libération du secteur minier industriel, la forêt de miombo a perdu plus de 885 km de forêt. Les écosystèmes forestiers de miombo qui couvrent une grande partie des provinces minières jouent un rôle essentiel dans la définition des conditions climatiques de la région.
Miombo, la forêt du cuivre et du cobalt
Le miombo est une partie de la forêt claire qui couvre l’arc cuprifère katangais, appelé aussi la ceinture du cuivre. “Cette forêt occupe 84 % de la forêt de la région avec une superficie de 48 358 km².” Indique le résultat de l’onglet Afrewatch. C’est ici que les activités minières dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba en RDC sont concentrées. C’est avec plus de 200 sites cupro-cobaltifères et une forte présence des carrés miniers octroyés aux entreprises.
Du point de vue écologique, la forêt de miombo est un réservoir d’une biodiversité exceptionnelle. Elle contient plusieurs espèces animales et végétales endémiques. La forêt de miombo est une composante clé dans la détermination des conditions environnementales de la région. Elle agit sur le cycle de carbone et celui de l’eau. Influençant ainsi le régime des précipitations et de température dans le Lualaba et le Haut-Katanga.
Dans cette zone, il s’exploite les ressources minières, ce qui justifie une forte concentration des entreprises minières. Également, les grandes agglomérations, comme les villes de Lubumbashi, Likasi et Kolwezi y sont localisées.
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Impact de l’exploitation minière sur la forêt de miombo
Dans les provinces minières du Haut-Katanga et du Lualaba, les écosystèmes forestiers de miombo, très déterminants dans la régulation du climat, ont connu une très forte déforestation. Selon les rapports d’Afrewach, l’exploitation minière y est pour beaucoup. La dynamique du couvert forestier montre effectivement que ces écosystèmes forestiers ont vu leur superficie sensiblement diminuée.

Photo usine
Selon la même étude, les entreprises comme Mutanda Mining, Kamoto Copper Company, Ruashi Mining, COMMUS, Metalkol ou Kinsevere Mining ont largement contribué à la déforestation de Miombo. Par exemple, nous avons constaté l’abattage des arbres dans la concession minière de Kamoa Copper ces dernières semaines. Comme pour dire la déforestation due aux mines se poursuit.
“La province du Haut-Katanga a perdu, entre 2001 et 2023, respectivement 7120 km². L’exploitation minière est responsable de 498,4 km². Cela représente approximativement 20 millions de tonnes en équivalent CO₂. En revanche, la province de Lualaba a enregistré une déforestation de 5550 km², dont 388,5 km² sont dus à l’exploitation minière. Cela a entraîné des émissions de CO₂ d’environ 13,86 MtCO₂e. Précise le résultat de l’ONG Afrewatch.
Malheureusement le principe de la justice climatique du pollueur-payeur ne se fait pas remarquer pour lutter au profit de la reforestation de Miombo. Les entreprises étant auteurs des émissions de gaz à effet de serre sont responsables des coûts liés. Cela inclut la taxation du carbone ou d’autres incitations économiques encourageant la réduction des émissions.
De plus, il existe pas de politique claire sur la préservation du Miombo sans laquelle la lutte contre la déforestation due à l’exploitation minière est nulle. Le responsable de la division de l’environnement de la province du Lualaba reconnait ce fait. “Oui, la déforestation est certaine. Mais les entreprises minières paient les taxes de déboisement et de reboisement dans le Trésor public congolais. Cela se fait sur base de la dimension de leur périmètre d’exploitation.” A dit Théo Mukendi. Pendant ce temps, les effets du changement climatique se font sentir sur l’arc cuprifère.
Des conséquences climatiques
Les perturbations climatiques découlant de la déforestation de Miombo à cause notamment des activités minières ont créé des dégâts environnementaux énormes. Par ailleurs, il s’observe des fluctuations des précipitations et la hausse de la température. Selon Weatherandclimate, en novembre 2020 la température moyenne était de 23,6 °C, alors qu’à la même période en 2025 la température moyenne a été de 24 °C, soit une augmentation de 0,4 °C.
Un autre effet, c’est la rareté des pluies. Par exemple, Premi Congo, une ONG de Lubumbashi, lors de son atelier climatique, avait établi que la saison de pluie est devenue de courtes séquences. Les temps de sécheresse ont augmenté pendant la saison de pluie et les pluies qui tombent sont réparties inégalement au cours des différentes années. La variabilité climatique dans les deux provinces s’accompagne, certaines fois, de fortes pluies. Elles provoquent des inondations, des glissements de terrain et l’érosion des sols. Dans la ville de Kolwezi par exemple, certains quartiers risquent de disparaître à cause d’érosions.

Photo érosion Kolwezi
Des communautés paient le prix
Les communautés riveraines des entreprises minières sont victimes des impacts négatifs. Cependant, au-delà de ce qu’elles subissent régulièrement comme le ravissement des terres, les délocalisations forcées et des maladies. Le changement climatique détruit également des cultures ainsi que des habitations.
Le revenu des ménages dans les zones rurales, comme partout en RDC, est tributaire d’une part de la production agricole. Elle est également tributaire d’autre part aussi de certains produits que fournit la forêt. Pourtant, dans cette zone, la production agricole avec ces changements climatiques a de lourdes conséquences. La vente des produits forestiers non ligneux, qui suppléent parfois au revenu de ces ménages, devient difficile. Des produits comme les champignons, les chenilles, le miel, le gibier, les oiseaux se font de plus en plus rares à cause de la déforestation de la forêt de Miombo.

