Secteur minier : la société civile se dote d’une feuille de route pour renforcer la gestion environnementale
Pendant que l’État peine à faire respecter les règles environnementales dans le secteur minier, la société civile a décidé de passer à l’offensive. Réunis du 15 au 17 décembre à Likasi , les acteurs venus du Haut-Katanga et du Lualaba se sont dotés d’une feuille de route. Celle-ci leur permettra de surveiller, documenter et dénoncer les manquements dans la gestion environnementale minière.
Organisé avec l’appui de partenaires techniques et financiers, cet atelier a permis aux participants de renforcer leurs connaissances sur le cadre légal, la gestion des rejets miniers, le suivi de la qualité de l’air et de l’eau, ainsi que les mécanismes de réhabilitation environnementale . Mais au-delà de la formation, l’enjeu était clair : passer de l’analyse à l’action.
Car sur terrain la réalité est dure, les pollutions s’accumulent. Les communautés respirent un air chargé de poussières. Elles boivent une eau parfois impropre. Pourtant, les mécanismes de contrôle existent sur le papier.
Des lois, mais peu d’autorité
La RDC dispose d’un cadre juridique clair. Il y a en plus du Code minier, la loi sur la protection de l’environnement, les Plans de gestion environnementale et sociale (PGES). Mais dans les zones minières, l’autorité de l’État s’effrite.
Les inspections se font rares. Les sanctions tardent. Et les rapports moisissent dans les tiroirs. Dans plusieurs territoires, les communautés ne voient que les dégâts d’une exploitation minière qui ne leur profite pas.
Lors de l’atelier, le professeur Arthur Kaniki a posé un constat sans détour : « Nous avons fait beaucoup, mais nous n’avons pas fait assez ». Une phrase lourde de sens. Car chaque incident environnemental rappelle les limites du système actuel.
Pour lui, ces faits montrent que les efforts consentis jusqu’ici restent insuffisants face à l’ampleur des violations environnementales.
Le PNUD interpelle sur le passage à l’action
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Pour le PNUD, la société civile joue un rôle central. Elle observe, alerte et documente. Mais surtout, elle crée un lien entre les communautés affectées et les institutions censées les protéger. Sans ce contre-pouvoir citoyen, les politiques environnementales risquent de rester lettre morte.
Une feuille de route pour combler le vide
Face aux failles du système, la société civile ne veut plus se contenter d’alertes isolées. Elle s’est organisée. La feuille de route concue vise à identifier les zones de défaillance de l’autorité publique, à documenter les violations environnementales et à accompagner les victimes vers des voies de recours effectives.
Mais l’ambition va plus loin. Les organisations plaident pour une réforme structurelle : la création d’une chambre spécialisée en matière d’environnement. Celle-ci va sortir les dossiers environnementaux de l’oubli judiciaire.
Aujourd’hui, les affaires de pollution se perdent souvent dans les méandres des tribunaux ordinaires. Demain, la société civile veut des magistrats formés. Des décisions rapides. Et des réparations effectives.
En se dotant de cette feuille de route, la société civile envoie un signal clair. Les discours ne suffisent plus. Comme l’ont rappelé les partenaires techniques, le temps est venu de transformer les engagements en résultats mesurables. Le temps du suivi citoyen et de la redevabilité a commencé.

