Lubumbashi: des voyageurs dénoncent la corruption à l’aéroport de la Luano
C’est un monsieur qui explique et raconte les calvaires auxquels sont soumis les voyageurs à l’aéroport international de la Luano à Lubumbashi. « Mon épouse vient de passer deux semaines à Lubumbashi où elle était voir la famille. Le jour de la rentrée, elle doit remplir les formalités à l’aéroport avant de prendre l’avion. Déjà à la maison, ses frères l’avaient déjà avertie. « Réserve au moins 150 Dollars pour les formalités avant embarcation. » Alors, elle arrive au service de l’immigration et présente son passeport pour le sceau de sortie. La dame de l’immigration ouvre le passeport et fait semblant de lire. Signalons au passage que le passeport est établi en allemand et en anglais. Les deux langues avec lesquelles la dame semblait éprouver des difficultés à voir la façon dont elle se comportait.
-Madame, vous rentrez en France?, demande-t-elle.
– Non, je rentre en Allemagne, lui dit madame. C’est écrit là-dedans.
– Ah bon! La dame de l’immigration regarde à gauche, à droite et de nouveau dans le passeport. Elle pose une autre question:
– Qu’est-ce que vous faites en Allemagne comme métier? C’est écrit là-dedans, madame. Le jeune frère de madame, qui l’accompagne à l’aéroport, comprend où elle veut en venir. Il intervient:
– Elle est ménagère. La dame continue toujours à faire semblant de lire dans le passeport. Elle regarde son collègue de gauche; elle regarde son collègue de droite et baisse de nouveau les yeux sur le passeport ouvert devant elle. Alors, ne sachant à quoi s’accrocher pour demander de l’argent, elle dit carrément à mon épouse:
– Donne-moi mille francs! (l’équivalent d’un dollar)
Madame récupère son passeport et entre dans le bureau où on contrôle les valises. L’une des quatre dames qui y travaillent lui demande de décrire le contenu de ses valises. Elles contiennent des poissons salés, des fretins, etc.
– Madame, il vous faut acheter une glacière. Nous en avons ici, lui dit l’une des dames.
– Mais les poissons salés et les fretins n’ont pas besoin de glacière; ils sont bien emballés comme ça, madame!
– Pour l’Europe, il faut tout mettre dans les glacières. Ce sont les ordres. Ou si vous voulez, vous nous fermez les yeux; on n’aura rien vu!
Madame remet 10.000 Francs à la dame.
-Non, madame, nous sommes à quatre, 10.000 Francs ne suffisent pas. « Bakisa » (complétez). Pour terminer, mon épouse a dû ajouter encore 10.000 Francs, ce qui fait au total 20.000 Francs ou environ 20,00 Dollars.
Il y a toute une multitude de services à l’aéroport. Encore une anecdote. Les travailleurs du tour de l’avant-midi devaient laisser de la place à ceux qui prenaient la relève pour l’avant-midi. Le travailleur sortant du service de l’immigration glisse le dossier qui était sur la table vers lui. En dessous du dossier, il y avait beaucoup de billets de 1.000 Francs. Alors, il a fait un tour de main magique pour récupérer son argent sans que son remplaçant s’en aperçoive.
Vous avez compris »‘ La corruption à tous les niveaux. Au total, mon épouse a laissé ici et là de l’argent pour des formalités qu’on fait gratuitement ailleurs. La plus grande supercherie institutionnalisée, c’est la taxe de la TVA dont on ne connaît jamais la destination. 50 Dollars.