Lubumbashi : le cri de cœur des artistes créateur d’objets d’arts en malachite
La ville de Lubumbashi se caractérise pour ses œuvres d’art, notamment les bijoux et autres ornements en malachite une pierre précieuse de couleur verte, un dérivé de cuivre. À l’heure actuelle, la ville ne compte qu’une dizaine d’ateliers artisanaux qui offrent de l’emploi à une centaine de personnes. Un problème se pose depuis la libéralisation du secteur minier en 2002 en RDC, la malachite se fait de plus en plus rare sur le marché local.
En effets, les industrielles qui exploitent le cuivre, emportent aussi la malachite. Aujourd’hui, ces artisans de la malachite ne sont approvisionnés que par petite quantité par des creuseurs artisanaux. Ils craignent pour leur avenir. « Nous les artisans, nous sommes morts. Nous n’avons plus de matière première, la malachite est devenue rare. » Explique André Kituri, un artisan à l’atelier MK ou nous l’avons rencontré. « C’est un sérieux problème, c’est pourquoi vous nous trouvez assis là à ne rien faire. Mon collègue qui est juste là avait une commande d’œuvre d’ornement. Il n’a pas de matière brute. » A t- il encore expliqué et d’ajouter : « Ceux qui nous fournissent la malachite aujourd’hui, sont des creuseurs artisanaux. Il y a quelques années ils avaient un point de vente de la malachite brute dénommée MATONGE, c’est ici dans la commune Ruashi. Aujourd’hui, il n’y a plus de comptoir, la matière brute est introuvable
À quelques mètres de là, Monsieur Pierre tient un autre atelier et emploie 12 personnes. Son dépôt de la malachite brute est quasi vide et sa production est en baisse : « Auparavant on nous amenait jusqu’à 50 Kg par jour. Mais aujourd’hui c’est entre 3 et 10 Kg alors que nous sommes au nombre de 12 artisans. Avec 100 kg, on produisait même 200 à 300 colliers par jours. À présent, notre production est de 30 à 50 colliers. »
Si la malachite brute est devenue rare, le prix a aussi grimpé. En dix ans, il est passé de 2 dollars le kilo à 5 dollars soit une augmentation de plus de 100 %. Jean-Pierre, spécialiste des colliers en malachite explique. « Toutes les carrières minières sont vendues aux étrangers. Depuis que l’État Congolais a vendu ses carrières, nous ne savons plus travailler. Les Chinois achètent tout et à un prix élevé. Nous faisons face à une concurrence, nous ne savons plus quoi faire ». Et de conclure : « Nous sommes déjà en voie de disparition car nous n’avons plus de matière première. En plus, nous n’avons de client pour acheter les produits finis. »
Malgré tout, les artisans, tailleurs de la malachite à Lubumbashi ne désarment pas. Le marché d’œuvres en malachite de la commune de la Ruashi et du centre-ville de Lubumbashi est encore achalandé. Et ils restent un passage obligé pour les touristes.
Avec Denise Maheho