RDC : 14 jours de grève des infirmiers, 14 jours de violation du droit à la santé

RDC : 14 jours de grève des infirmiers, 14 jours de violation du droit à la santé

Le 9 juin dernier les syndicats des infirmiers  et d’autres personnels de santé  ont déclenché un mouvement de grève  sur l’ensemble du territoire national. Une grève qui a duré 14 jours soit du 9 au 22 juin. L’alignement  à la  prime de risque des nouvelles unités, la réduction des écarts de la dite prime entre les médecins et autres personnels médicaux, la scission du ministère de la santé en deux  , ont été les principales revendications. Ce mouvement de grève qui s’est durci le 13 juin a eu un impact négatif sur le droit à la santé de nombreux patients internés dans les hôpitaux publics à travers le pays mais aussi sur le droit au travail des prestataires.

 

A l’hôpital Général de Reference de Kitambo de Kinshasa, les salles sont sales, personne pour rendre ce lieu propre. Quant aux malades, ils  sont presqu’abandonnés.  Dans la salle de la réanimation  de la chirurgie par exemple,  c’est sont les membres des familles qui ont pris le relais des infirmiers, portes grandes ouvertes, les malades racontent que seuls les médecins leurs rendent visite. A la question de savoir comment font-ils lorsqu’il y a une urgence,  un garde malade réponds que l’un d’entre eux doit aller chercher le médecin. Dans la salle de l’orthopédie, c’est une autre histoire. Les pansements des malades  ne sont pas faits avec le risque que les plaies s’infectent. Répondant à un prestataire de santé qui passait par là,  une malade se plaint de cette situation. Deux blocs après, c’est le service de pédiatrie néonatologie. Il est dans un piteux état. Les immondices jonchent le sol à 5 mètres de là et personnes pour assainir.

A 2000 km de là,  à l’hôpital Général de Bukama dans la province du Haut Lomami, la société civile alerte sur le manque du personnel dans l’unique hôpital public de cette ville. Avec ses plus de 7 services avec seulement 10 médecins,  la situation est difficile explique   Monga Muwoneta coordonnateur de la Société Civile de Bukama. « Nous avons remarqué l’augmentation du nombre de décès ». a-t-il expliqué. Et d’ajouter : «  Ceci est dû au manque  de suivi à l’hôpital ».

Le Droit à la santé en péril

Ces situations démontrent comment le droit à la santé pourtant reconnu comme tel dans la constitution de la RDC à l’article 47  a  été bafoué. Selon les directives du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CDESC) des Nations Unies, le droit à la santé implique que celui-ci soit  disponible, facile d’accès, de bonne qualité mais surtout, acceptable. Si les  États doivent veiller à ce  qu’il y ait « en quantité suffisante sur tout le territoire des services de santé publique et de soins de santé, » ils doivent également veuillez à ces que les services de santé dispose des » professionnels de la santé qualifiés et bien rémunérés » et des médicaments essentiels. De plus, les services de santé  doivent être de bonne qualité.

«  Dans la salle d’opération, il y a du sang partout et parfois, les malades viennent et on leur  demande de rentrer par manque des prestataires», explique Maurice Kasongo wa Bondo infirmier à l’Hôpital Général de Référence de Kintambo et membre du syndicat membre du comité national des jeunes de la solidarité Syndicale des infirmiers  du CONGO (SOLSICO). Il explique également que même les enfants qui devaient recevoir leur vaccin la semaine du 14 juin n’ont pas pu être vaccinés.

Des nouvelles unités qui touchent un dollars de prime local

L’article 36 de la constitution dispose : « Le travail est un droit et un devoir sacrés pour chaque Congolais. L’État garantit le droit au travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humain.»  Maurice Kasongo explique : « il  y a de nouvelles unités  qui ont 10 ans sans salaire  et sans prime de risque, ils viennent chaque jour au travail et  malgré la covid 19, ils n’ont même pas de prime  spéciale et pas de transport également ».et d’ajouter : « ces infirmiers vivent avec une prime locale  d’à peu près deux milles (1$) à dix milles FC (5$). Il dénonce également la discrimination s’agissant de la prime de risque  entre les médecins et les autres personnels de santé : « alors que le médecin touche 5 millions de francs Congolais soit  deux milles cinq cent dollars Américains , les autres prestataires touchent  vingt mille francs soit  dix dollars .

Il faut dire que ces deux droits ont été mis en péril. Même si un compromis a été trouvé ce 21 juin , les prestataires espèrent que  les promesses du gouvernement vont se concrétiser pour qu’ils jouissent pleinement de leurs droits au travail mais surtout  aussi que le droit à la santé des malades soit aussi réaliser.