RDC-consensus autour de l’animateur de la CENI : les églises jouent-elles le jeu du pouvoir en place ?

RDC-consensus autour de l’animateur de la CENI : les églises jouent-elles le jeu du pouvoir en place ?

 

En RDC, le blocage sur la succession de Corneille Nanga à la tête de la Commission Électorale National Indépendante (CENI) continue. Depuis le 30 juillet2021, les 8 confessions religieuses n’arrivent pas à se mettre d’accord. Et  depuis,  deux blocs se sont formés. L’un composée des églises protestantes et Catholique et l’autre des églises  de réveils, de l’église Kimbanguiste  et de l’église musulmane. Aucun d’eux ne veux céder d’un iota, chacun reste sur ses positions, une aubaine pour le pouvoir en place. Et pendant ce temps, le temps s’effritent, il ne reste que 26 mois avant la prochaine alternance.

2023, une échéance tant attendue par les uns et moins par les autres. Certains de ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui bien que du bout des lèvres, se disent prêts à aller aux élections en 2023, mais en réalité ils voudraient que cette échéance soit repoussée d’une ou deux ans. Pour un certain nombre d’entre eux le véritable pouvoir de Felix Tshisekedi a commencé une année après avec la formation de l’Union Sacré . Ainsi, ils souhaiteraient grappiller un peu plus de temps pour se forger un bilan.

Il faut dire plus les églises trainent, plus l’UDPS et ses alliés ont la chance  d’aller au-delà de 2023. « Il est vrai que si ces tractations prennent du temps, il y a de fortes chances que cela ait un impact sur les échéances électorales, car aucune élection ne peut être organisée si l’organe attitré pour gérer les opérations électorales n’a pas d’animateurs. » explique  Joseph Mudimbi , Professeur  à l’Université de Lubumbashi à la Faculté des sciences politiques. Et d’ajouter : «  Au regard de la configuration de la scène politique congolaise, il y a lieu de noter que toutes les églises ne sont pas derrière le pouvoir. Il y en a qui sont proches et d’autres ne le sont pas. La conséquence est que leurs querelles peuvent être profitables au pouvoir au cas où elles perduraient, parce qu’elles peuvent conduire au glissement. »

La crainte de perdre le contrôle de la Ceni …

Le contrôle de la Ceni reste l’enjeu majeur.  Le bloc qui réussira  à imposer son candidat aura un avantage considérable  sur les prochaines élections. D’un côté, les opposants, les anciens alliés et quelques têtes de l’Union Sacré voudraient que l’Église Catholique et L’ECC impose leur candidat ce qui leur donneraient des coudées franches pour les prochaines échéances. Tandis que l’UDPS et ses alliés espèrent de tout cœur que l’autre camp l’emportera  ce qui ouvrira un boulevard au pouvoir  en place et se maintenir. « C’est la crainte de perdre le contrôle de ce poste de président de la Ceni qui explique tous ces atermoiements. », explique encore le prof Mudimbi.

Il explique également  qu’un autre problème qui se pose, c’est le  non-respect des règles en vigueur : « Tous les jeux politiques sont réglementés. « Le problème en RDC, est fondamentalement lié au non-respect des textes qui nous régissent. ». Il explique que dans le cadre de la désignation  du président de la Ceni ,  les confessions religieuses doivent trouver un consensus. Si ce dernier n’est pas observé, on procède alors aux élections. «  Dans une élection, c’est la majorité qui va imposer son candidat. Dans le contexte actuel,  passé aux élections,  l’Église Catholique et l’ECC, n’ont aucune chance de faire passer leur candidat  (2 communautés contre 6). Mais ces communautés tablent sur leur importance numérique qui ne doit pas s’appliquer dans le contexte de la Ceni, en ce sens que toutes les communautés sont placées sur un même pied d’égalité,  chacune d’elles ne disposant que d’une seule voix. » Conclut Joseph Mudimbi.

Il faut dire que si ce  bras de fer continue le pouvoir en place s’en lèche déjà es babines, le moment venu, il se dédouanera et rejettera la faute sur les églises qui ont longtemps fait trainer les choses. Pour certains observateurs, sans le savoir ou en toute connaissance de cause, les églises jouent le jeu du pouvoir en place.

Pour tout dire, il reste beaucoup pas faire notamment, la mise sur pied des animateurs de la Ceni, l’élaboration du calendrier des opérations électorales, le vote du budget des élections, la révision du fichier électoral des opérations exigent du temps.