RDC: le déficit énergétique impacte le développement du secteur minier (OEARSE)
Dans un rapport publié ce 24 novembre par l’Observatoire d’Étude et d’Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale « OEARSE », intitulé : « L’industrie extractive et problématique du déficit énergétique en RDC : « Avons-nous une vision et pour quel impact ? ». Dans celui-ci, l’ONG explique que le déficit en énergie dans le sud de la RDC bloque le développement du secteur minier. Citant le président de la Fédération des entreprises du Congo , ce déficit entraineraient une perte à l’exportation de 1,8 milliard de dollars et des pertes de recettes fiscales représentant 1,6 % du PIB .
Pour illustrer cela, le rapport met en évidence deux grands projets miniers du pays. Le premier cas est celui de la SICOMINES qui n’a pas atteint la production prévue selon la convention avec la RDC en invoquant le déficit énergétique. Pour contextualiser, « le projet minier sert à rembourser la dette des infrastructures que la Chine est en train de réaliser . En réalité lorsque l’entreprise qui est sensé remboursé la dette fait moins des bénéfices , le projet minier rembourse moins des ressources ,or pour le cas de Sicomines nous sommes exactement dans la même situation « , explique Freddy Kasongo de OEARSE. Il explique également que dans la convention avec cette entreprise , il était question d’importer les cathodes de cuivre, mais celui-ci ne produit que du cuivre menthe . Freddy Kasongo estime que ceci a des répercussions , car l’entreprise ne vends pas ses minerais au prix concurrentiel du marché international. Cette situation à un « impact sur le prêt des infrastructures qui est remboursé beaucoup moins rapidement et que ces infrastructures deviennent beaucoup plus chères qu’initialement prévu ».et de conclure sur cette question : « Pour nous, si l’entreprise n’a pas d’électricité pour produire les cathodes tel que prévu dans la convention , ceci constitue des pertes et impacte notre économie ».
L’autre exemple est celui de Kamoa-Kakula à Kolwezi qui est la deuxième plus grande mine de cuivre au monde et qui a reçu du gouvernement congolais l’autorisation d’exporter ses concentrés de cuivre vers des fonderies internationales. »Kamoa n’arrive pas à valoriser ses minerais produits au niveau local et il a même obtenu du gouvernement d’exporter les concentrés de cuivre « . Or sur le marché mondial, le cuivre vendu est celui dont la pureté est de 99 % , ce qui signifie que Kamoa vendrait ses minerais à 60% ou moins du prix sur le marché , ce qui représente également des pertes énormes et un grand manque à gagner pour le pays en terme des revenus et des redevances pour les populations au regard de la taille du projet.
Ces deux exemples démontrent bien que suite au déficit énergétique qui est évalué à près de 860 MW, l’industrie minière est sensiblement affectée. Citant toujours le Président de la FEC Grand Katanga lors de la 4ᵉ édition de la conférence sur l’énergie tenue à Katebi /Kolwezi RDC, note que la demande en énergie électrique des industries minières a « été évaluée à 1411 MW contre seulement 751 MW, il se dégage ainsi un déficit pour l’année 2019, rendant difficile la transformation des concentrés de cuivre, les hydroxydes de cobalt. » chose qui influe sur la rentabilité de ces entreprises et impacte les taxes et redevances dû à l’État Congolais .
Ainsi ce rapport note la nécessité de pouvoir mettre en place des initiatives capables de générer rapidement de l’énergie et ainsi palier à la situation et permettre de répondre à la demande des industries minières. « Le rapport a le mérite de proposer des solutions et opportunités en démontrant que la région de l’ex-Katanga dispose d’un potentiel éolien, solaire dont une capacité importante est à moins de 25 km des lignes de transmission existantes ; et d’identifier les potentiels au sein des zones d’activité minière existantes et planifiées. Il démontre que la région a 138 sites hydroélectriques pour une capacité de 4841 MW. » Explique Freddy Kasongo de l’ONG OEARSE.
Ainsi ce rapport recommande au gouvernement de définir une vision d’électrification de la RDC qui serait exprimée dans le cadre d’une politique nationale énergétique assortie d’une planification énergétique ainsi que de s’investir dans l’élaboration d’outils législatifs et politiques, y compris des incitations fiscales pour permettre au secteur de l’énergie de se développer et de prospérer .