La presse RD Congolaise : un acteur de développement à « réinventer » ?

La presse RD Congolaise : un acteur de développement à « réinventer » ?

La presse est par sa nature et son fonctionnement un baromètre de la démocratie dans un pays, la RD Congo notamment.  Partant de sa constitution et de son fonctionnement à travers les différentes institutions, ce pays se veut un pays démocratique depuis la constitution de Luluabourg jusqu’ à ce jour. Cependant, l’applicabilité de cette démocratie théorique est loin d’être une réalité quand on consulte la presse, ce baromètre de la démocratie.  Cela ne voudrait pas trahir les bonnes intentions politiques de depuis son accession à sa souveraineté internationale.  En passant, il est intéressant de parler de « jeune démocratie  » par opposition au pays de la vieille » démocratie ». Juste l’usage de ces concepts, des hésitations pourraient se comprendre.

C’est donc dans le contexte de la  » jeune démocratie » que la presse RD congolaise s’exerce. Et les journalistes et les professionnels des médias vivent dans ce contexte qui conserve quelques reliquats et velléités de cette  » jeune démocratie », en réalité une  » pseudo-démocratie » vécue naguère sous le pilotage des régimes dictatoriaux camouflés.

Sous ces régimes bigarrés, le mutisme de la presse par la pensée unique du « guide » ou « père de la nation » ont été la mode, la règle. La liberté d’opinion, de pensée, le droit à l’information et le devoir d’informer en ont subi leur part de choc par le simple fait que la population était intelligemment et sagement (pour ne pas dire politiquement) encadrée dans certaines structures   dont les partis politiques, les associations socioculturelles et certaines asbl qui se sont constituées, parfois sans se rendre compte, en des « relais sournois » des formations politiques.

Rendons-nous compte que c’est dans ce contexte d’encadrement, de précarité et d’incertitude quant à l’avenir que vivent t les professionnels des médias dont les journalistes.  Sans se rendre compte peut-être, le contexte a fait du journaliste le » vassal  » de ceux qui lui ont confisqué son droit le plus légitime d’informer dans le respect des lois du pays le public qui, au fond, rétrécissent ce droit. Curieusement, le journaliste vit en partie à leur dépend. Par voie de conséquence, les valeurs audacieuses du journaliste sont devenues des confessions sans actes.  Dans ce contexte, quel type de service attendu du journaliste au départ démissionnaire ?

Le droit d’informer étant confisqué par des  » brigands » à la quête d’un pouvoir à conserver et à pérenniser, tout le système est donc lui aussi à conserver pour préparer l’avenir. Quel dilemme !

Et le journaliste à qui on exige une bravoure héroïque a curieusement lui aussi besoin de vivre et de préparer son avenir et celui des siens.  Meurtri par le contexte socioéconomique, on lui exige plus au regard de son éthique et de sa déontologie que le législateur n’a presque pas l’intention de réadapter au contexte en cours.  Curieusement, on lui exige plus, au diapason de son confrère des pays dits de  » grande démocratie ». Quel contraste ?

Heureusement, les états généraux sont organisés cette semaine en RD Congo.  Vont-ils relever les défis auxquels le journaliste fait face ? Vraiment, c’est le souhait de tous. Nous estimons que les états généraux, après des discussions et débats à la congolaise, aboutissent à  » réinventer » cette belle profession dans l’optique de lui donner plus de muscle pour qu’elle soit une actrice au développement et non une accompagnatrice du statuquo et du sous- développement.

Au cas où ces états généraux n’aboutiraient à rien de positif dans le concret, alors les journalistes de vocation seront soumis à rude épreuve de se réinventer pour informer utilement le public et contribuer à leur manière au développement du pays, un bien commun à tous les congolais et non un bien privé de quelques têtes.   Cela pour dire que le travail des états généraux devrait servir à la fois d’un diagnostic profond et sans complaisance en vue d’une thérapeutique de choc. Y sommes-nous arrivés ?