RDC: Étienne Tshisekedi, un héritage galvaudé ?

RDC: Étienne Tshisekedi, un héritage galvaudé ?

Étienne Tshisekedi wa Mulumba, père biologique de Félix Antoine Tshisekedi, l’actuel Président de la RD Congo, est né le 14 décembre 1932 à Kananga et a tiré sa révérence en date du 02 février 2017, rassasié de ses 84 ans, à Bruxelles de suite d’une embolie pulmonaire. Déjà en 1960, il fut membre du Collège des Commissaires généraux, le gouvernement provisoire mis en place par Joseph-Désiré Mobutu à la suite d’un coup d’État. En 1965, il est nommé ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières dans le gouvernement de ce dernier.

En 1982, Etienne Tshisekedi participe à la fondation de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Il est premier ministre du président Mobutu à deux reprises : du 29 septembre au 1er novembre 1991, et du 15 août 1992 au 5 février 1993.

Un opposant de premier ordre  

En décembre 1980, 13 parlementaires dont Etienne Tshisekedi rédigent une lettre ouverte à Mobutu, la fameuse Lettre des 13 parlementaires. Ils y dénoncent la dictature de Mobutu. Deux ans plus tard soit en 1982, Tshisekedi participe à la fondation de l’UDPS. À la suite de cette initiative prise dans un contexte dictatorial, au plus fort du mobutisme, il est relégué dans son village natal et plusieurs fois emprisonné avec ses coéquipiers. Certains trouvèrent même la mort.

Lors de la Conférence nationale souveraine chargée de redresser le pays, Etienne  Tshisekedi accède une première fois au poste de Premier ministre entre le 29 septembre et le 1er novembre1991 ; destitué par Mobutu, il reprend à nouveau ce poste  le 15 août1992 .  Mobutu  le démet définitivement  de son poste de Premier ministre le 5 février1993.

En 1996,  la  santé de Mobutu se détériore davantage alors que les troupes de Laurent-Désiré Kabila s’approchent de la capitale. Pendant cette période, un vide politique s’installe à Kinshasa et un semblant d’anarchie y règne.

Tshisekedi se rend à Nice, où s’était retiré Mobutu. Les deux s’accordent pour unir leurs forces et fabriquent une alliance politique pour tenter de contrer les rebelles. Voilà dans quel contexte il  revient au pouvoir en tant que Premier ministre du 2 au 9avril1997.

A l’issue de l’élection présidentielle du  23 décembre 2011,  marquée par de graves « irrégularités » selon plusieurs organismes locaux et internationaux, Joseph Kabila est proclamé président de la République. Proclamé  deuxième à l’issue de ce round électoral, Etienne Tshisekedi  revendique la victoire et s’auto proclame président de la République démocratique du Congo et prête serment depuis sa résidence de Limete.

L’héritage politique d’Etienne Tshisekedi

Décédé à Bruxelles depuis le 1er février 2017.   Sa dépouille a été rapatriée deux ans près quand son fils Félix Antoine Tshisekedi a pris le pouvoir par la voie du scrutin.

Sur le plan de l’histoire politique en RD Congo, il n’est pas à démontrer qu’Etienne Tshisekedi a été depuis le matin de l’accession de notre pays à sa souveraineté internationale, un acteur politique de premier ordre.  Mais à partir des années 1980, à la faveur de la création de l’UDPS, il a davantage été un symbole du changement sous Mobutu et sous les Kabila qui se sont succédé au pouvoir d’Etat par la manière coutumière.

Pour revenir au sujet du jour, par son charisme fascinant, ses vertus et convictions politiques démocratiques, Etienne Tshisekedi a défendu sur toute la ligne, et ce jusqu’ à sa mort, l’avènement d’un pays de droit où la justice équitable l’emportera sur toutes formes d’injustices qui ont caractérisé la RD Congo, la lutte contre la corruption, la tolérance des opinions des autres, le respect de la gestion publique, etc.  Le fait qu’il ait été le premier Docteur en droit a davantage renforcé sa personnalité politique.

Mais la grande question est celle de savoir s’il y a ou pas un héritage légué à la postériorité, à sa famille politique et à toute la RD Congo.

Les nombreux militants et bien des cadres répondent par l’affirmatif ; cela est vrai et tangible l’idéologie de son combat politique.   Mais le drame réside dans la manière de gérer cet héritage et s’il sera retransmis aux générations futures.

A notre sens, après observation de la situation sur le terrain, Félix Tshisekedi se défend bien et défend valablement l’idéologie des pères de l’UDS dont son père biologique.  Si par le passé la population a entendu parler de démocratie ou à humer l’odeur de ce régime politique tant rêvé, sous Félix Tshisekedi, il y a lieu de constater les étincelles de cette démocratie. Mais il y a trop affaire, pour dire vrai.  C’est ainsi que dans la sphère des dirigeants, la course à l’enrichissement facile est repérable, qu’importe la formule, ce qui est une honte en ce jour de la célébration du cinquième anniversaire de la mort de celui que l’opinion a qualifié de « sphinx de Limete ».

A la base de ce parti, constituée pour la plupart d’une jeunesse désœuvrée, propice à toutes les manipulations politiques, et ce dans les différentes fédérations de l’UDPS, l’intolérance politique et la brutalité des militants (qui sont toujours fiers de s’appeler combattants) sont toujours à la mode. Cinq ans après la mort de Père de la démocratie notamment Etienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire, ses héritiers politiques peuvent-ils être fiers d’avoir intériorisé l’idéal du combat politique d’Etienne Tshisekedi pendant trois décennies,  et  prétendre  le transmettre aux autres pour l’immortaliser ? ne crache-t-ils pas sur cette mémoire ?