Savon et papier hygiénique ou travail manuel, quel impact sur l’éducation

Savon et papier hygiénique ou travail manuel, quel impact sur l’éducation

Savon et papier hygiénique au lieu du travail manuel, c’est le nouveau mode dans l’éducation des enfants. Alors que dans son programme de l’enseignement, la RDC prévoit l’initiation des enfants dès le bas âge aux travaux pratiques. C’est notamment dans la leçon de travail manuel. Ici les enfants sont appelés à réaliser les travaux de nettoyage de la cour, leurs salles de classe et autres. Ainsi, ces exercices doivent se poursuivre même à la maison. L’objectif poursuivi par la leçon de travail manuel étant de rendre l’enfant en mesure de travailler, de mettre la propreté dans son milieu de vie. Cela fait aussi partie des devoirs des enfants envers leurs parents.

Hélas, le constat fait actuellement dans certaines écoles, démontre qu’en lieu et place d’apprendre les travaux aux élèves, les responsables les  obligent à donner des savons, du papier  hygiénique  pour obtenir des points. Au cas contraire, c’est un échec dans cette leçon. Comme le souligne un parent. «  Je suis allé apporter le savon et le papier hygiénique pour le compte du travail manuel de mon enfant. Et quand j’ai donné, la maitresse a toute suite mis 8/10 sur le bulletin. Elle a fait cela en ma présence.  »

À lire aussi:Lualaba- Busanga : 500 enfants privés de leur droit à l’éducation

Pratique à bannir

Pour Elie Mukeba, enseignant en 5ᵉ année primaire, c’est un acte à condamner.  «  Le travail manuel est une leçon comme tout autre. Si les enfants ne l’apprennent pas, que deviendront-ils ? »  S’interroge-t-il avant d’ajouter. « Ce que nous leur apprenons à l’école, ce n’est pas seulement pour l’école, mais cela leur sera utile toute la vie. Cependant, les écoles qui exigent cela, c’est comme s’ils apprennent aux enfants à corrompre. »  Parce que dit-il « Quand vous habituez l’enfant à donner les savons et après on donne les points. Il retient que si je donne l’argent, j’ai droits aux bonnes cotes . »

Pour sa part,  Christine Kibwe Lombe , enseignante en 6ᵉ année,  elle lance un message aux autorités de l’enseignement. « Elles  doivent interdire cette pratique. Ces écoles exagèrent, qu’elles  se soucient de l’avenir des enfants qu’elles  encadrent. Imaginez-vous un adulte qui ne sait même pas faire un petit travail dans sa parcelle. » Nous décourageons cela, a-t-elle déclaré en regrettant de voir le niveau actuel de l’enseignement qui régresse.

Quid de la complémentarité

Devant une école publique de Lubumbashi, les parents aux cotés de leurs enfants à la sortie de l’école condamnent cette pratique.  Maitre Edy Chey parle des conséquences. « Ne pas initier les enfants au travail manuel , c’est  les rendre inaptes. Nous, en tant que parents, nous apprenons à nos enfants à travailler dès la maison. Et l’école doit nous relayer.  On aimerait que l’école procède autrement, initie les enfants au travail dès le bas âge. Et de cette façon-là, il y aura une complémentarité entre l’école et les parents.  »

« Vous pouvez l’expérimenter en donnant même un petit travail, à un enfant demandez lui de couper même la haie, vous vous rendrez compte qu’il ne sait même pas tenir l’outil et il va fuir. À mon sens, le but du travail manuel, c’est d’initier les enfants déjà dès le bas âge aux petits travaux. Par exemple, mettre la propreté dans la cour et de cette façon, il pourra mettre de l’ordre même dans sa chambre.  »

Il faut dire que certaines écoles respectent le programme tel que prévu par le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique de la RDC.