RDC/Goma : la tension reste vive
Deuxième journée des manifestations populaires à Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu. La journée de ce mardi, comme celle de lundi, la tension est encore vive. Les quartiers situés au nord et au sud, tout comme à l’ouest, ont enregistré des mouvements de manifestations de la population. Ils ont fait irruption dans certaines bases de la Monusco.
Les manifestants en colère ne jurent que par le départ sans condition de cette mission onusienne. C’est ainsi qu’ils ont vandalisé, saccagé et pillé tous les biens dans les bases des casques bleus. Ils ont également incendié certaines résidences des agents des Nations unies. Pour eux, depuis plus de 20 ans, aucun effort n’est fourni sur terrain dans la traque des rebelles. Les groupes armés ne cessent de naître, les mouvements insurrectionnels sont partout. L’insécurité toujours grandissante, sur l’étendue de la province du Nord Kivu.
La journée de lundi a enregistré des blessés, selon Michel Kakule, journaliste à Goma. Et ce matin, la société civile et les mouvements citoyens parlent de 8 morts. Mais du côté gouvernement, on parle de 5 morts. On compte aussi de nombreux blessés. Mais Jusque-là, le bilan officiel n’est pas encore connu. Ceci risque de s’alourdir, car les sources sur le lieu des manifestations, indiquent que les casques bleus tirent à balle réelle. Michel Kakule rapporte que depuis hier soir l’évacuation du personnel civil de la Monusco a commencé. Les hélicoptères de la Monusco ont survolé toutes les bases de la ville de Goma pour cette mission.
Mobilisation totale
À Béni, tout comme à Butembo et partout ailleurs dans la ville de Goma, il y a également eu des mouvements des populations. Et la situation est catastrophique. Toutes les rues sont barricadées, il y a des pierres partout, difficiles d’y circuler. Cette situation a paralysé toutes les activités sociales économiques. Tous les commerces n’ont pas ouvert depuis lundi.
Il faut dire que lors de son arrivée à Béni, le gouverneur militaire Constant Ndima, a appelé la population à la retenue. Et surtout, il s’est adressé au gouvernement, car la Monusco est présente en RDC sur invitation du gouvernement.
Sans la Monusco Goma, sera-t-elle à la portée des M23 ?
À la question de savoir si le départ de la Monusco n’exposera pas la ville de Goma aux M23. Michel Kakule repond » Non, la Monusco n’assure même pas la sécurité de la ville. Les casques bleus font des patrouilles, mais pas pour sécuriser. Et surtout que c’est une mission d’observation. Ils jettent la responsabilité au gouvernement en disant que la sécurisation des frontières revient aux forces gouvernementales. On ne sait pas évaluer son bilan. Il existe beaucoup de forces négatives qui inquiètent la population ici en province et que la Monusco n’a jamais neutralisé. En 2012 et 2013 on a vu comment les M23 etaient entrer dans la ville de Goma et c’était en présence de la Monusco. Moi, personnellement, je ne pense pas que ce départ aura un impact négatif. «
Pour lui, l’élément déclencheur, est connu. « La Monusco avait dit sur un média étranger que les M23 possèdent des armes sophistiquées et qu’elle n’est pas capable de les combattre. Cette déclaration a été mal perçue par la population. Mais aussi lors du passage du président du Sénat Bahati Lukwebo qui a estimé qu’on ne peut plus continuer à garder une force incapable de combattre un groupe armé.«