Mise aux enchères des blocs pétroliers : les dessous de la controverse

Mise aux enchères des blocs pétroliers : les dessous de la controverse

Par Joshua Walker, le directeur de programme du Groupe d’étude sur le Congo,

Le 28 juillet 2022, le gouvernement congolais a annoncé des avis à manifestation d’intérêt pour des appels d’offres sur l’attribution des droits d’hydrocarbures en RDC. Au total, 27 blocs pétroliers et trois blocs gaziers sont mis aux enchères pour le droit d’exploration. Cet appel d’offres, qui doit se clôturer le 30 avril 2023, a créé une controverse. Car à  l’intérieur de certains blocs, on retrouve des aires protégées ainsi que des tourbières.  Il s’agit des réserves de carbone par exemple.  Si elles sont perturbées, pourraient faire échapper plus d’un milliard de tonnes de carbone dans l’atmosphère

Mais le gouvernement de la RDC dit vouloir et avoir le droit de développer cette ressource.  Et c’est  pour le bien de la population congolaise. Qu’en est-il du débat entre pro-pétrole et pro-environnement ?

L’appel d’offres publié par le gouvernement congolais fin juillet sollicite des propositions des sociétés pétrolières et gazières pour l’exploration de 30  blocs dont 27 blocs pétroliers  . Afin de déterminer s’il y a du pétrole et si ce serait rentable de l’exploiter. Par la suite, les candidats retenus auront le droit de convertir les permis d’exploration en permis d’exploitation.

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Désastre environnemental

Pour certains membres de la société civile congolaise et internationale, il s’agit d’un désastre environnemental planétaire à venir. Pour eux, même si les blocs ne finissent pas par être exploités, l’exploration aura tout de même des conséquences . C’est, par exemple, la déforestation, destruction des habitats des espèces protégées, perturbations des communautés riveraine.  De son côté, le gouvernement assure que les aires protégées ainsi que les tourbières ne seront pas touchées.  Qu’il existe des technologies de pointe qui permettent des opérations « chirurgicales ». Et permettront d’explorer sans impact environnemental important.

De plus, le gouvernement s’oppose par principe à toute tentative d’empêcher la RDC à développer ses propres ressources naturelles. Car c’est  pour son propre développement. D’autant qu’en vertu de la résolution 1803 de l’Assemblée générale de l’ONU consacrant la souveraineté permanente sur les ressources naturelles, la RDC a le droit d’explorer cette piste. Surtout que l’engagement de la communauté internationale et des pays pollueurs en particulier, notamment lors du sommet COP 26, à compenser des pays comme la RDC pour la protection de son environnement, tarde à se concrétiser. Ainsi, la RDC se trouve dans une situation où l’exploitation pétrolière est potentiellement plus rentable à long terme que le financement climatique pour protéger ces terres.  Et c’est tant que les engagements de la communauté internationale ne seront pas respectés.

Des gros investissements

Trois questions importantes se posent, cependant, à l’égard de cette mise aux enchères. Premièrement, les critiques de cet appel d’offres s’interrogent sur la gouvernance. Jimmy Munguriek Ufoy, du Cadre de concertation de la société civile sur les ressources naturelles, fait la comparaison avec le secteur minier.  « Si l’exploitation minière n’a pas développé le pays, penser que ce sont ces blocs pétroliers qui vont le faire, c’est rêver. » Comment la RDC éviterait-elle de pareils problèmes de gouvernance dans le secteur pétrolier ? S’agit-il simplement d’une opportunité pour les politiques de se faire des fonds pouvant notamment financer leurs campagnes électorales ?

Deuxièmement, la production du pétrole nécessite également de gros investissements en infrastructures. Car, il faut des moyens  pour transporter à des ports pour exportation. La création de ces infrastructures en RDC prendrait des années et coûterait des milliards de dollars. Quel est le plan pour ses infrastructures et sont-elles réalisables ?

Troisièmement, la mise aux enchères de ces blocs serait aussi un moyen pour la RDC de mettre la pression sur les bailleurs de fonds.  Afin qu’ils respectent leurs engagements de financement contre le changement climatique .