RDC: les premières troupes de la coalition de Nairobi sont arrivées
Les soldats burundais sont arrivés depuis ce lundi 15 août dans la vallée d’Uvira à 80 kilomètres de Bukavu. En effet, ils font partie d’une coalition militaire mise en place au mois de mai 2022 dernier à Nairobi. Des contingents du Soudan du Sud et du Kenya devraient bientôt leur emboîter le pas. Cette force amie est censée mettre fin à l’activisme de tous les groupes armés présents à l’est de la RDC.
Les Ougandais complètent le plateau de la task force mis en place à Nairobi. Les hommes de Museveni, eux, cependant, étaient déjà sur place depuis novembre 2022. C’était dans le cadre d’un accord bilatéral entre la RDC et le pays de Museveni. Les Rwandais ont été écartés en raison de leurs liens et appuis aux rebelles du m23. Les Tanzaniens qui avaient été aussi approchés, ont désisté, sans en donner la raison. Leurs pertes en hommes dans le cadre de la MONUSCO ou des forces spéciales déployées à l’Est pourraient bien expliquer leur refus poli.
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La controverse
Les Congolais ont assisté à cette première arrivée, avec une certaine irritation. Très peu sont convaincus que cette coalition de Nairobi réussira à éradiquer les groupes armés qui pullulent dans la région. Des députés de l’est de la RDC, ne cachent pas leur désappointement. Du haut de la tribune de la chambre basse, ils avaient donné leur préférence pour une montée en puissance de l’armée congolaise. Réagissant à chaud, le député Claude Misare, voudrait au moins avoir le chronogramme des opérations projetées. Pour lui, 3 à 6 mois de traque, seraient l’idéal.
Le syndrome de l’échec cinglant de la MONUSCO
Ce qui est certain, est que très peu de Congolais ne croient que cette coalition africaine, peut faire mieux que la mission onusienne. Cette dernière patauge en RDC depuis 1999. Son bilan est plus que mitigé. Ce qui a d’ailleurs provoque de violentes manifestations populaires dirigées contre elle. Une trentaine de personnes sont décédées au cours des échauffourées qui s’étaient suivies, parmi eux un militaire et 3 policiers de la mission onusienne. Leurs soldats des nations unies sont présumés responsables de la mort par balles d’au moins 13 personnes.
Dans son rapport de circonstance, le gouvernement congolais avait de manière subtile donnée raison à la population. Le ministre de l’Industrie, Julien Paluku qui avait dirigé une mission d’enquête dans la région, avait indiqué que l’une des causes de ces manifestations, était les résultats peu probants obtenus par la MONUSCO. Malgré sa mauvaise humeur contre la mission onusienne, le gouvernement garde l’idée d’un retrait progressif.
Un long délai
Ce qui n’est pas l’avis de la nouvelle société civile du Nord Kivu. Cette organisation trouve ce délai trop long. Cette organisation citoyenne trouve « insupportable que la MONUSCO reste une année de plus, après 22 ans de léthargie. »
Emmanuel Kayembe Ngubo, enseignant en relations internationales de l’université de Lubumbashi, estime qu’après plus de deux décennies, le résultat des actions menées par la MONUSCO est mitigé. Au regard des missions principales à l’est de la RDC qui sont la lutte contre les forces négatives et la protection des populations dans les zones des combats. Ce spécialiste de relations internationales trouve par ailleurs que « la situation s’est détériorée à partir de 2019. Cela se constate par la multiplicité des groupes armés et mouvements de rébellion ». Pour lui, la rancœur contre la MONUSCO a été exacerbée par l’extermination méthodique de la population dans l’ITURI, au NORD KIVU et au SUD KIVU. Mais par les viols systématiques perpétrés sur des femmes et jeunes filles. Sans oublier la décapitation des populations non combattantes et les attentats à la bombe dans les églises et bistrots au NORD KIVU.
Pour lui, lorsqu’on observe les moyens financiers, logistiques et humains que possèdent la MONUSCO, il y a lieu de s’interroger sur la raison d’être de cette structure des Nations Unies qui donne l’impression d’être obsolète. Voire dépassée par la nature de la violence, et de ne pas comprendre comment l’insécurité continue d’écumer l’est de la RDC.
Des avancées malgré tout
Jeff Mbiya de la société civile du Haut Katanga estime que la MONUSCO a des réalisations qui peuvent être notées à son crédit. Selon lui, cette mission onusienne a joué un rôle capital dans l’apaisement entre les anciens belligérants. Pour Jeff Mbiya, beaucoup d’acteurs politiques et des seigneurs de guerre, savent que « la MONUSCO est une sorte d’épée de Damoclès. Une mauvaise action peut bien les conduire devant les instances judiciaires internationales. »
Bons souvenirs de l’opération Artémis
Beaucoup de Congolais, se souviennent que 1400 soldats français seulement, avaient maîtrisé la situation sécuritaire en Ituri en juin 2003. L’opération, dénommée Artémis, avait mis au pas des miliciens qui avaient mis cette région à feu et à sang. Si l’on tient compte que la MONUSCO compte plus de 20 000 hommes, on peut bien comprendre certaines frustrations.
De plus, les soldats de la MONUSCO, ont peu fait usage d’armes. Pour justifier cette inaction, le porte-parole de cette instance, avait déclaré, sans ambages, que les rebelles du M23 avaient « des armes sophistiquées. Ce qui ne permet pas aux soldats des nations unies d’intervenir contre eux ». Le tollé suscité par ces propos, avait conduit le gouvernement congolais , a déclaré l’intéressé personne non gratta.
Pour beaucoup, ces propos sont scandaleux. Ils constatent que les mêmes nations unies, avaient combattu la sécession katangaise. C’était de 1960 à 1963. Or, le M 23 se comporte en force de la même nature que les ex-gendarmes katangais. Plusieurs observateurs, note que ce mouvement rebelle, administre les territoires sous son contrôle. Ce qui équivaut à une sorte de tentative de balkanisation.
Les Congolais regardent donc ce contingent africain avec un œil circonspect. Rien n’indique pour le moment, que ces soldats, réussiront la ou les Nations unies semblent s’être casses les dents. Wait and see