RDC-catastrophe naturelle : quelles mesures préventives ?
Ce sont les pluies diluviennes qui se sont abattues la nuit du 12 au 13 décembre 2022 à Kinshasa et dans d’autres villes de la RDC, qui sont à la base des inondations . Elles sont aussi à la base des érosions qui m’ont poussé à écrire cette énième tribune.
J’étais sidéré de suivre le président de la république Félix Tshilombo s’attaquer aux bourgmestres de la ville province de Kinshasa. Et c’était sur l’assainissement des eaux diluviennes à la 75ᵉ réunion du conseil des ministres, en lieu et place de s’attaquer aux ministres de tutelles :
« Les inondations des artères et certains quartiers dans les différentes communes de la capitale démontrent à chaque fois l’absence d’un plan d’entretien et d’assainissement régulier des voies d’évacuation des eaux de pluie. Outre cette réalité, ces inondations viennent également rappeler la nécessité de sévir face aux constructions anarchiques qui constituent une autre dimension de ce problème. »
Du courage
Selon le ministre de communication et porte-parole du gouvernement, le président de la république attendait du gouverneur de la province de Kinshasa, du courage dans l’application stricte et rigoureuse des plans de la ville, même là où toute résistance se présenterait. Dans le même esprit, il attendait également des bourgmestres, une implication efficiente dans les travaux d’assainissement de leurs communes respectives.
Il avait aussi chargé le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières ainsi que le gouverneur de la ville province de Kinshasa d’encadrer les bourgmestres de 24 communes dans la mise en œuvre et l’utilisation efficiente des brigades pérennes d’entretien et d’assainissement en sus des travaux ponctuels effectués de l’office des voiries et drainages (OVD).
Et à la 12ᵉ réunion du conseil des ministres tenue en 2019, on se souviendra que le président de la république avait décrété la TOLÉRANCE ZÉRO en ce qui concerne les constructions anarchiques. Il l’avait décrété après les inondations qui avaient fauché la vie de 41 paisibles citoyens congolais.
On constate que les recommandations du président de la république ne sont pas prises en compte par la chaîne d’exécution. Il y a ce que j’appellerai un dysfonctionnement dans cette chaîne de responsabilités.
Commençons par la chronologie historique de création des différentes villes de notre pays depuis l’époque coloniale . La typologie et l’urbanisation des quartiers dans les différentes villes de la RDC que les colons nous ont laissés. Afin de comprendre les causes des érosions que nous décrions à cause des victimes recensées quant à elles.
Qui détiennent les plans de tous ces quartiers urbanisés ?
Pour entretenir une ville, on doit avoir d’abord posséder les plans urbanistiques de ladite ville.
Est-ce que la RDC a des experts en topographie ? Si, oui. Où sont ils ? Et que font ils ? Sont-ils reconnus par l’état congolais à leur juste valeur ?
Depuis sa création le 3 décembre 1881 , KINSHASA n’a bénéficié que de quelques plans d’urbanisme dont le premier datant de 1950.
Tous les autres plans d’urbanisation qui se sont succédé, surtout après l’indépendance, sont restés lettre morte. À l’instar du schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de 1975.
Au sens strict du terme, Kinshasa n’a pas véritablement fait objet d’un plan d’aménagement sérieux en 62 ans de l’indépendance de notre pays .
Quelles sont les causes des inondations qui provoquent les érosions ?
L’état congolais n’a pas une politique claire d’évacuation des eaux et des immondices. Avez-vous déjà vu une ville moderne sans les égouts (comme les égouts de Paris) ? Car sans eux, une ville moderne ne serait ce qu’elle doit être…
Avez-vous déjà vu une ville moderne qui n’a pas d’entreprises qui fournissent des services de gestion des déchets . Qui n’a pas d’usines de traitement de déchets ? Et qui en plus n’a pas des sites d’enfouissements pour permettre aux camions de déchets de venir déposer leur récolte ?
Et on s’étonne que les habitants puissent déverser leurs immondices dans les caniveaux qui existent encore…
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À qui la faute ?
Que le gouvernorat de Kinshasa prenne ses responsabilités et non se livrer à la politique de l’autruche avec KIN BOPETO qui a coûté la place au vice-gouverneur, l’honorable Néron Mbungu qui a osé dénoncer la mafia au sein dudit gouvernorat.
Revenons à la tragédie qui vient de frapper encore le peuple congolais après celle de Kishishe. Selon ce que je viens d’apprendre par la radio Top Congo Fm, le bilan provisoire, est de près de 100 morts dans la ville province de Kinshasa et plusieurs dégâts matériels.
L’heure est vraiment très grave !
Nous demandons à tous les députés nationaux de se réunir en toute urgence en session extraordinaire pour traiter cette situation des catastrophes naturelles. En convoquant les ministres :
– De l’intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières ;
– De l’urbanisme et habitat ;
– Des infrastructures et travaux publics ;
– De l’Environnement et Développement Durable ;
– Des affaires foncières ;
– Des affaires sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale.
Pour répondre à tous ces malheurs qui s’abattent sur les populations de différentes villes de la RDC en général, et de la ville province de Kinshasa en particulier.
Comme on ne sait plus inventer la roue, je propose à nos députés nationaux de faire comme le député français Michel Barnier et ancien ministre de l’Europe et des affaires étrangères de France.
Ce député avait proposé une loi en cas d’événements climatiques majeurs.
En créant le fonds de prévention des risques naturels . Qui intervient pour pallier les dommages non indemnisés par les assurances habitations.
Je propose aussi à la présidence de la république de pouvoir créer une agence de fonds d’atténuation et d’adaptation en matière des catastrophes naturelles.
Avec ce qui vient de nous arriver aujourd’hui, nous avons le droit de savoir qu’est devenu le projet » Appui au renforcement des capacités en gestion des risques naturels en RDC « ? . Et pourtant adopté par la RDC et le PNUD en 2015 ?
Qu’est-ce que l’État congolais a fait de la stratégie nationale de prévention et réduction des risques de catastrophes (SNPRRC) de la RDC en 2017 ?
Un document vital et capital qui contient 7 axes stratégiques d’intervention, comportant plusieurs champs d’intervention.
C’est cette réduction des risques de catastrophe en RDC que nous exigeons à nos dirigeants. Car augmenter la résilience et diminuer la vulnérabilité de la population face aux risques majeurs doivent être la première des missions de nos dirigeants.