Les audiences de Kolwezi : un documentaire qui choque le public
Après Kolwezi ce dimanche, le documentaire Les Audiences de Kolwezi sera projeté ce mardi au village Kabwe et mercredi au village Tenke . Les deux localités ont fait face à des cas de pollution entre 2018 et 2020 dues au déversement de l’acide sulfurique. Depuis le début des projections à Lubumbashi, ce film crée un choc dans le public.
‘‘Je suis vraiment plein de regrets de voir nos frères et sœurs abandonnés. C’est comme s’il n’y avait pas de dirigeants dans ce pays ». Tshivuadi Mukwa Lukusa, membre du parti politique CDPS, présent à la projection du film à Lubumbashi, est écœuré. Ainsi, il dénonce l’inaction du gouvernement congolais face aux méfaits de l’exploitation minière sur les communautés locales. En outre , d’un ton dur, il déclare » ceux qui détiennent le pouvoir l’exercent pour leur propre intérêt, jamais pour le bien de la population ».
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Isabelle Kuka, jeune dame d’une trentaine d’années, était membre du jury lors des audiences fictives à Kolwezi. Elle partage les mêmes sentiments. De plus, elle est préoccupée par la situation des femmes victimes de la pollution due à l’acide sulfurique. » Que le gouvernement congolais prenne soin de ces victimes. Parce qu’il y en a qui sont jusques là malades, qui sont délaissées, qui ne suivent pas des soins appropriés. En plus ,il y a des femmes parmi les victimes. Dans ma peau de femme, j’ai très mal, et donc le gouvernement doit vraiment exiger aux entreprises concernées de prendre en charge les victimes, ainsi que de réparer les dégâts causés dans les champs et dans la communauté tout entière.
Il faut revisiter les contrats miniers
Il faut dire que ce documentaire renferme des témoignages poignants des victimes et survivants, notamment des cas de pollution. En effet , certains parmi eux gardent encore les stigmates de ces accidents. Ce sont particulièrement des cicatrices, des brulures, des infections , d’autres sont devenus inaptes . D’autres habitants de village de Kabwe et Tenke ont surtout tout perdu. Près de cinq ans après , les responsabilités n’ont pas réellement été établies. Que ce soit celle des entreprises minières telles que Mutanda mining et KCC ou celle de l’État congolais.
Fabien Mayani, membre de la société civile, a pris part aux audiences comme témoin. Il affirme par ailleurs que les responsabilités des parties sont engagées depuis l’étape de la négociation. » Comment a-t-on négocié tous les contrats miniers , s’interroge-t-il. Et d’ajouter » qui a participé aux négociations pour le compte de l’État congolais ? Quel rôle a-t-il joué ? De ce fait, Fabien Mayani exige la révision de tous les contrats miniers . Ce qui d’après lui permettra à l’État congolais ainsi qu’aux citoyens de tirer profit des richesses minières.
Quid de responsabilités
Par ailleurs, les victimes et les survivants des différents accidents cités dans le documentaire, accusent tant les entreprises minières que l’Etat Congolais. Jean Moro, responsable du Groupe Lema Africa, l’un des réalisateurs du film, assure que la situation des victimes de l’exploitation minière dans le Katanga est pareille dans le Kivu.
»Là où se trouvent les mines, c’est là où le citoyen congolais est exploité, ignoré. Il est écrasé triplement. D’abord par les multinationales qui l’exploitent, on le fait déguerpir sans l’indemniser du tout ,
et puis il n’y a rien qui ait restitué au Congolais sur son sol. Deuxième , il est écrasé par l’État congolais. Il a signé des contrats léonins sur le dos de ses habitants . Troisième ,l’État congolais ne fait rien pour inquiéter les multinationales qui viennent écraser sa population.
En réaction , la commissaire en charge de la culture de la province du Haut Katanga ne partage pas ce point de vue. Elle affirme que l’État , fait sa part, il revient aux multinationales de respecter les lois du pays.