RDC: l’heure de la transhumance a sonné
Sauf changement , les élections auront lieu au mois de décembre 2023. Mais voilà pour les acteurs politiques , l’heure à la préparation et la mise en place des stratégies gagnantes. La plupart d’entre eux , à l’instar des troupeaux, sont à la recherche des beaux pâturages. Et pour eux , l’herbe verte et du côté de l’Union Sacrée pour la Nation. Et certains choisissent l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS comme parti politique. Ce qui s’appelle en langage pastoral « la transhumance ».
Le 18 mars derniers, six députés provinciaux du Haut Katanga adhèrent à l’UDPS. Parmi eux, les députés du parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie PPRD. Mais bien avant, beaucoup d’autres l’ont fait. C’est le cas de Theo Ngwabidje gouverneur du sud Kivu , ou encore Dieudonné Piemé gouverneur du Kasai ainsi que des nombreuses têtes pensantes du Front commun pour le Congo FCC. Certains ont choisi d’autres partis de l’USN comme l’Avenir du Congo ACO de Dany Banza. Ces adhésions ont réveillé les passions. « Transhumance »,ont crié certains . Pour eux , comment peut-on adhérer à un parti politique à seulement une année, voire neuf mois avant des élections tout en ayant des bons mobiles ?
La transhumance, ce mot emprunté au vocabulaire pastoral, désigne , les politiciens qui, pour leurs intérêts, changent momentanément des partis politiques ou créent des alliances. Ce mot est bien indiqué dans le contexte congolais. Les acteurs politiques congolais ont une réputation à protéger. Celle de changer de partis politiques pour des intérêts politiques.
Pour le chef des travaux Kyungu Shimbi , ceci est typique de la société congolaise. Plusieurs raisons concourent à cette manière d’agir. « Pour beaucoup , le pouvoir est du côté de l’UDPS . Ainsi, pour qu’ils continuent à garder leurs avantages , is adhèrent à ce parti politique. Car avec les élections qui arrivent, ils ne sont pas sûrs de protéger leurs intérêts s’ils restent dans leurs anciennes structures. Surtout que l’on sait que lors des élections, moins de 10 % d’anciens élus reviennent aux affaires. Ainsi, ils veulent se refaire une nouvelle image ! », explique ce politologue. Ce politologue a regretté le fait que ce système dure depuis longtemps.
La politique comme un travail
En RDC, sont qui font la politique et notamment ceux qui ont des mandats nominatifs ou électifs sont les mieux lotis. Ils ont un salaire mensuel régulier et parfois exorbitant. Par exemple, selon le budget 2022 , un député touche 10 265$ sans compter les avantages. Comparé à près de 250 $ que touche un enseignant , leur situation est enviable. Ainsi ,le chef de Travaux Kyungu Shimbi pense que c’est ce qui pousse les Congolais à considérer la politique comme un emploi. Ainsi , « Ils (les politiques) sont prêts à avancer avec n’importent qui pourvu qu’ils se retrouvent », dit encore le chef des travaux. C’est ce qui s’observe aujourd’hui. Et cela s’observera toujours à la veille de chaque élection.
Pour lui, il faut arriver à changer le système . Et cela implique « remettre le pays sur les rails ». « Notre pays, à la manière d’un train, a déraillé depuis 1960. Et depuis lors, aucun pouvoir n’a réussi à le remettre sur les rails », explique-t-il encore. En changeant le modèle de gestion du pays , le système pourra également changer.
Mais attendant , les acteurs politiques continueront ainsi à chercher et à rechercher un bon positionnement. En adhérant aux partis politiques sans adhérer à ses idéaux.