Éjection du DG de la SNEL :un mauvais diagnostic du secteur 

Éjection du DG de la SNEL :un mauvais diagnostic du secteur 

 Tribune de Freddy KASONGO Secrétaire Exécutif de OEARSE

Le 30 mars dernier,  Fabrice Lusinde  directeur Général de la SNEL est interpellé à l’Assemblée nationale. Les députés lui reprochent la mauvaise gestion, les coupures intempestives et manquent d’une vision claire du secteur.  Quatre plénières après , soit le 12 avril 2024, l’Assemblée nationale recommande sa révocation dans 48 heures. Cette décision est un mauvais diagnostic sur le secteur de l’électricité.

Il y a un sentiment de tristesse et des interrogations dans la perception de la démarche des élus. Je me demande si les élus n’ont-ils pas confondu des cibles. Un simple DG de la SNEL peut-il répondre de la responsabilité d’un ministre sectoriel et où du premier ministre qui pilote la politique du gouvernement ?  Les élus n’ont-ils pas développé des attentes démesurées chez un simple directeur d’un opérateur commercial qui est la SNEL ? Ont-ils pris en compte l’évolution du secteur avec les réformes entamées il y a neuf ans déjà ?

J’estime qu’il est important de rappeler que le secteur de l’électricité est libéralisé depuis 2014. Et  cette libéralisation devrait permettre aux parties d’avoir un regard différent de la SNEL. Car la loi de 2014 ouvre le secteur de l’électricité à d’autres intervenants. Aujourd’hui, nous pouvons avoir les producteurs indépendants de l’électricité.  Parce que avant 2014 c la SNEL le monopole  pour la production, le transport et la distribution.

 Quelle vision d’électrification pour la RDC

Premièrement, les  élus  voulaient savoir sur  la  vision pour l’électrification du pays.  Nous nous rappelons avoir entendu le Chef de l’État faire une promesse à Bukavu d’améliorer la desserte en électricité jusqu’à 30 % d’ici à 2023. Qu’est-ce que la volonté du Président devrait impliquer en matière de facteur de gouvernance pour y arriver, d’autant plus que pour atteindre ce résultat, nous devons combiner les efforts publics, privés et même des producteurs indépendants.

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Or,  pour chacune de ces catégories d’acteurs, il y a des défis et des préalables. C’est notamment la finalisation des mesures d’application, l’harmonisation de la fiscalité du secteur. Ce sont également  des facilités douanières pour les développeurs et les importateurs des équipements. De plus, il y a  la décentralisation effective de l’administration dans le secteur pour réduire la durée de traitement des dossiers administratifs . À côté de cela,  il y a  le développement d’un mécanisme qui favorise une bonne évaluation de la capacité financière des opérateurs qui sollicitent des concessions.  Ceci , dans le but d’éviter que le pays attribue des concessions à des opérateurs qui n’ont pas véritablement les moyens de le développer. .

Que devrait donc faire les élus au regard de ce tableau selon vous ?

Les élus devraient interpeler le premier ministre . Ou encore interpellé ,le ministre sectoriel. Car , ils sont habilités pour donner un aperçu général sur l’accompagnement du  gouvernement  à ces entreprises publiques. Il y a aussi  le fait que c’est le gouvernement qui  supervise ces projets, accompagne ARE et ANSER et aussi les opérateurs privés qui fournissent l’électricité ou qui comptent s’y investir. Comment il promeut l’importation des équipements énergétiques par les opérateurs économiques privés.

Le Premier ministre ou le ministre sectoriel devrait éclairer les élus sur les mesures prises pour la sécurisation de l’offre domestique dans la production des infrastructures existantes.  Mais aussi sur celles en cours de réhabilitation et en projection.  Car avec l’interconnexion du réseau national et le principe de liberté, la majorité des  projets privés en cours de développement privilégient l’industrie minière. Il en va de même  pour  la SNEL qui priorise l’offre en énergie aux opérateurs miniers. Parce que ceux -ci  y injectent des ressources financières importantes.

Responsabilité

Je note également que les élus ont oublié de regarder leurs propres responsabilités dans la détérioration de la desserte. Comment peut-on comprendre que le Directeur d’une entreprise publique soit sanctionné alors que la proportion des ressources que l’actionnaire unique a mises à la disposition de la SNEL ne favorise pas le déploiement des infrastructures nouvelles et la maintenance des équipements ? Peut-on parler de la dette de l’état à la SNEL et son impact sur la détérioration de la desserte.

Pourquoi les  élus ont-ils refusé de regarder comme autorité budgétaire la faible allocation des ressources aux entreprises publiques du secteur ?  Pourquoi ils ont refusé de regarder les projets d’infrastructures publiques qui n’avancent pas depuis des décennies comme kakobola, la ligne de transport de Zongo 2, katende et surtout le risque de la dépossession silencieuse de la production énergétique des infrastructures énergétiques de la SNEL par les miniers !

Que proposez-vous pour améliorer la desserte en électricité ?

Pour améliorer la desserte et aller vite dans l’électrification du pays, nous avons besoin d’avoir une vision claire. Nous devons également avoir  une politique énergétique qui privilégie les solutions énergétiques renouvelables. Il nous faut aussi décentraliser le secteur. Il faut en plus avoir un plan d’action nationale d’électrification qui intègre les projets publics, privés et les producteurs indépendants. Le pays doit,aussi , avoir une administration souple .  S’agissant taxes et autres impôts , il faut étendre les facilités douanières par l’exonération aux équipements énergétiques comme les batteries et les panneaux et autres accessoires.  Et notamment consacrer l’effectivité de la décentralisation énergétique dans nos provinces.  Mais aussi s’assurer que les nombreux problèmes de gouvernance de la SNEL soient  résolus.  Mais ceci pourrait être possible que si nous renforçons la gouvernance  et la transparence du secteur de manière globale.