Lualaba: la dure réalité des habitants du village Makomeno
Makomeno est un village situé à 140 km de la ville de Kolwezi dans la province du Lualaba. Ce village s’est créé depuis 2020 lors de la construction du barrage hydroélectrique de la société chinoise SICOHYDRO. Trois ans après, les habitants de ce village nouvellement créé vivent dans le dénuement total. Ici, il n’y a pas ni eau courante, ni électricité, moins encore une école ou un centre de santé.
Au bord de ce lac artificiel est assis Makanda Ilunga Gaston. Celui-ci essaie d’attraper quelques poissons pour son repas et celui de la famille, mais aussi pour vendre . Il habite ici depuis la création du village en 2021. « Pour vivre », je pratique la pêche ou encore, je ramasse les fourmis. Et ensuite, je dois faire 15 Km jusqu’au Barrage Busanga pour les vendre », dit-il de son air fatigué. Car, ici, habitants ne vivent que de la pêche et de la cueillette.
En arrivant dans ce village qui réunit les anciens habitants des villages 48 heures, Monga, Luboza et Kamalenga, la misère est palpable. À l’opposé des rires des enfants que l’on entend, les adultes, eux, n’en peuvent plus. Leurs habitations ressemblent à celles d’un camp de réfugiés. Les maisons érigées essentiellement en sacs en raphias et des branches sont visibles partout. Ici, c’est le retour à l’antiquité. On peut entendre des coups de marteaux, car à l’approche de la saison des pluies, les habitants construisent de nouveaux abris et renforcent les anciens.
Cette situation s’est détériorée en 2021. Le 31 mai de cette année, Sychohydro avait commencé l’activité de remplissage de son bassin. Cette opération a fini par inonder les terres alentours. Les inondations avaient touché les habitants, des maisons détruites qui avaient trouvé refuge dans cet espace. Ainsi, ils se sont réfugiés sur une montagne. Depuis lors, Makomeno est devenu un petit ilot où vivent plus de 700 personnes dans une misère totale.
Pas de services de base.
Il faut dire que ce village manque de tout. Pas d’école, pas de centre de santé et il n’y a aucun service de l’État pour assurer la sécurité. Pour les parents, leurs enfants sont sacrifiés. « Cela fait trois ans que nos enfants n’étudient pas ». À l’approche de la nouvelle année, nous ne savons pas quoi faire ». Explique Mwamba Ngoyi Jean-Marie, habitant du village Makomeno. Il faut dire que l’école la plus proche est située à 12 Km du village.
Bondo*(Témoignage anonyme) est un jeune garçon de 12 ans, lui et ses deux copains tissent les filets de pêche. Depuis le début de l’année scolaire, il ne peut pas aller à l’école :« je fabrique des filets de pêche depuis qu’on avait délocalisé ma maman, nous ne mangeons pas bien, je n’étudie pas, je suis devenu illettré. » Explique-t-il. Un peu plus loin, c’est un autre garçon de 8 ans qui se promène près des eaux dorénavant devenues un lac, lui aussi, il n’étudie pas. Il explique que beaucoup d’enfants se trouvent au lac où ils passent leur journée à jouer.
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En plus, ce village manque également de l’eau potable. Ici, il n’y a ni puits ni robinets. « Nous n’avons pas accès à l’eau potable ». L’eau que nous consommons, c’est l’eau déversée par le barrage et qui a formé un lac. Nous l’utilisons pour tout. « Pour la lessive, le ménage, se laver ou préparer la nourriture », explique encore Mwamba Ngoyi-.
Les habitants de ce village espèrent que le gouvernement provincial trouvera incessamment des solutions à leur situation. « Nous avons beaucoup souffert ». « Nous manquons de tout et nous avons besoin d’aide », lance Béatrice Muteba, une habitante du village. Pour ces habitants, une délocalisation pourra être salutaire.
Ces communautés se sont installées au village Makomeno qui est entouré des eaux. Ici, il n’y a ni hôpital, ni centre de santé à proximité. » Nous n’avons pas d’hôpitaux, ni de pharmacie, quand nous tombons malades, nous ne savons pas quoi faire « . Explique Marie Monga , une femme rencontrée au bord des eaux de retenue devenue depuis un lac. À côté d’elle, une autre femme bébé sur les bras assise à côté du lac explique qu’elle a dû mettre au monde un enfant sans assistance médicale. « Mon fils n’a même pas eu de vaccin depuis sa naissance », dit-elle.
Non loin de là, c’est un homme heureux, sa fille vient de s’accoucher. Celle-ci n’a pas pu aller dans un hôpital à cause de la distance qui est de 7 km. Elle a accouché à l’aide des femmes âgées du coin dans une maison fabriqué en sacs de raphia.
Santé droit fondamental
Et pourtant, la Santé est l’un des droits fondamentaux consacrés tant par la constitution de la RDC que par les instruments juridiques internationaux dont le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. L’article 47 de la constitution dispose : « Le droit à la santé et à la sécurité alimentaire est garanti. » Et selon le PIDESC l’article 12 dispose également : « Les États partis au présent Pacte reconnaissent le droit qu’à toute personne de jouir du meilleur état de santé ».
Selon l’organisation Mondiale de la Santé , le « droit de jouir du meilleur état de santé possible » implique que soit réuni un ensemble de critères sociaux favorables à l’état de santé de tous, particulièrement la disponibilité de services de santé. Celui-ci comprend le droit d’accès à un système de protection de la santé qui garantisse à chacun, sur un pied d’égalité, la possibilité de jouir du meilleur état de santé possible.
Il faut dire que pour cette population éprouvent d’énormes difficultés d’ordre médical. Selon le PIDESC , le gouvernement doit tout mettre en place des mesures égalitaires pour un accès au droit à la santé surtout pour une population comme celle de Makomeno qui en plus d’être démunie n’a pas d’accès aux soins de santé primaire.
Bondo*(Témoignage anonyme) est un jeune garçon de 12 ans, il se trouve à Makomeno 3 dans la province du Lualaba , son village est désormais enclavé par les eaux du bassin de retenue du barrage hydroélectrique de Busanga. Il est 10 heures de ce mardi 13 décembre, lui et ses deux copains tissent les filets de pêche. Depuis le début de l’année scolaire, il ne peut pas aller à l’école :« je fabrique des filets de pêche depuis qu’on avait délocalisé ma maman, nous ne mangeons pas bien, je n’étudie pas, je suis devenu illettré. » Explique-t-il. Un peu plus loin, c’est un autre garçon de 8 ans qui se promène près des eaux dorénavant devenues un lac, lui aussi, il n’étudie pas. Il explique que beaucoup d’enfants se trouvent au lac où ils passent leur journée à jouer.
500 enfants ..
Le nombre d’enfants qui ne fréquentent pas l’école est estimé à 500, selon les estimations du représentant de Communauté, victime de la construction du barrage de Busanga Paulin Kapumba. « Ici où nous vivons, il n’y a pas d’école « . Explique le petit Bondo. Des femmes rencontrées au lac en train de faire leur lessive et pêcher se plaignent également du fait qu’il n’y a aucune école dans le parage, leurs enfants sont donc sacrifiés. Dans cette partie ou jadis, se trouvaient le village 48 heures, Monga Lubonza et Kamalenge , la gratuité scolaire n’a aucune signification alors que c’est un droit établi par la constitution de la RDC en son article 43 qui dispose : » Toute personne a droit à l’éducation… L’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics.«
Selon Paulin Kapumba , la première école publique se trouve à 12 km dans le groupement Wakitingi dans le territoire de Lubudi . » Nous sommes démunis et nous n’avons pas les moyens pour payer les transports aux enfants, du fait des eaux, il faut au moins 10 000 FC (5$) par jour , c’est qui est énorme pour nous ».
Droit à l’éducation
Il faut dire que cette situation met en mal de la mise en œuvre de ce droit fondamental de ces enfants, car selon l’Observation générale nº 13 sur l’application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, voici quelques critères de la réalisation de ce droit :
Le droit à l’éducation implique que les États doivent mettre en place des établissements d’enseignement et des programmes éducatifs en nombre suffisant à l’intérieur de la juridiction de l’état partie. Les bâtiments ou autres structures offrant un abri contre les éléments naturels, des toilettes tant pour les filles que les garçons, un approvisionnement en eau potable, des enseignants ayant reçu une formation et percevant des salaires compétitifs sur le plan intérieur, des matériels pédagogiques.
Ce qui n’est pas le cas dans cette partie de la province du Lualaba ou il n’y pas d’écoles moins encore des enseignants pour prendre en charge les enfants. Ce qui renforce des inégalités et la pauvreté.