RDC : les Émirats Arabes Unis achètent le Diamant à un vil prix?

RDC : les Émirats Arabes Unis achètent le Diamant à un vil prix?

Les statistiques minières du premier semestre sur le diamant du Kasaii publiées par la Cellule technique de coordination et de planification minière ont révélé des incohérences, notamment sur le prix du diamant. Cette matière première est vendue à un vil prix.

En effet, au premier semestre de 2023, la RDC a exporté 3 209 921, 97 carats de diamant pour une valeur totale de 33, 889892, 69 USD. Ce qui signifie qu’en moyenne un carat de diamant a été vendu à 10,55 USD. 96 % des diamants exportés proviennent de la province du Kasaï oriental. Ainsi, le reste du diamant provient des provinces de Kwilu, Kwango, Kasaï, Kasaï central, Sankuru et Tshopo. Une grande part de ce diamant est surtout produit d’une minière artisanale. Il s’agit de 77 % du diamant issu de l’exploitation artisanale, 22,68 % de l’exploitation industrielle et 0,3 % de l’exploitation semi-industrielle.

Des prix bas

Quant à la destination de cette matière précieuse, ce sont les Émirats Arabes Unis avec des achats d’au moins 66 % du diamant.  Ensuite, la Belgique avec des achats à hauteur de 31 % et l’Inde s’octroie 3 % du marché du diamant congolais. Toutefois, entre le prix d’achat du diamant appliqué par les Émirats Arabes Unis et la Belgique, il y a des écarts énormes. Par exemple, les Émirats ont acheté 2 495 170 71 carats pour une valeur en dollars de 24 017 221,00.  Ceci signifie que ce pays a acheté un carat de diamant à 9,62 USD. Quant à la Belgique, deuxième destination du diamant du Congo, elle a acheté 1 193 593, 27 pour une valeur de 16 127 605. La Belgique a donc acheté un carat de diamant à 13,51.

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Des écarts

Pendant la même période, la Grande-Bretagne, l’un des pays de l’Union Européenne, a acheté le carat à 434 USD. Car, ce pays a acheté 104 0,04 carat pour une valeur de 45 212 USD. Ainsi, comparé aux Émirats et à la Belgique, il y a des écarts énormes. Ainsi, les Émirats ont acheté 45 fois moins cher le diamant du Congo. Et la Belgique 33 fois moins cher que la Grande-Bretagne.

Si les Émirats avaient acheté le diamant au même prix que la Belgique, la valeur en dollars aurait pu être de 33 709 756,29. En y soustrayant la valeur telle que publiée par la CTCPM, il y a un gap de 31 308 034,29. Dans ce scénario, la RDC a perdu 1 095 781, 19 de redevances minières. Dans le cas où les Émirats auraient pu vendre au même prix que la Grande-Bretagne, la RDC aurait pu gagner de redevance minière de 37 061 040,34 USD.

Il faut aussi dire que les prix du diamant sont fixés. Par exemple, The African Diamond Trading and Exploration Company ADTEC publie la valeur du diamant brut pour chaque catégorie des diamants. Par exemple, pour le diamant blanc, le prix varie entre 150 $ et 220 $ le carat. Le diamant noir, lui, se négocie entre 370 et 520 $ le carat. Ce qui est loin des prix d’achat du diamant congolais.

 En se référant sur les statistiques de Kimberly , le diamant de la RDC n’a jamais depassé le 15$ par carat depuis 2018.

Des écarts justifiés ?

Pour les experts du secteur du diamant, son prix n’est pas linéaire. Il dépend surtout de la qualité de sa pureté et de son poids. Ce qui pourrait expliquer les disparités des prix d’achat du diamant. « Il est nécessaire de rappeler que la vente de ces diamants bruts dépend. » Intrinsèquement du fait de leur classification en diamants de qualité « Joaillerie » et « Industrielle ». De fait, la qualité « Joaillerie » est celle qui a poids égal. Elle recèle d’une valeur marchande extrêmement élevée, par rapport à « l’industrielle ». Explique Dieudonné Tshimpindibwa, membre de la Société Civile de Mbuji Mayi.

En plus, le secteur diamantifère est miné par les intermédiaires. Et pour cet expert, beaucoup ne maîtrisent pas les sur le marché.

« Les considérations menant à la vente, par des négociants congolais affiliés, reposent primordialement sur la maîtrise des circuits commerciaux internationaux, en ses prix de vente. De ce fait, vu la méconnaissance de la plupart de nos négociants de ces outils de travail, les prix qui leur seront proposés à l’extérieur du pays seront [le plus souvent] en leur défaveur ! », explique-t-il.

En outre, il faut dire que le prix du diamant sur le marché international est aussi en baisse. Car sur le marché il y a un stock des diamants bruts. Certains pays comme l’inde ont même suspendu les achats.

Il faut dire que pour que la RDC sorte gagnante, elle doit prendre des mesures appropriées. Il y a peu, le ministère des Mines a pris un arrêté pour réglementer le secteur. Mais celui-ci souffre d’application.