Lubumbashi : des étudiants albinos victimes du mépris

Lubumbashi : des étudiants albinos victimes du mépris

En  RDC , le positionnement social prend le dessus partant des tribus, des églises ou des races. Ce qui accroît le nombre des victimes  de discrimination. C’est le cas des albinos à Lubumbashi qui subissent encore le mépris en milieu universitaire. Ainsi, ils se sentent marginalisés et ont des difficultés à s’intégrer dans la communauté estudiantine.

Seule, assise dans un auditoire, Jeanne (son nom a été changé) est étudiante en Bac 2 au département des Sciences de l’information et de la communication. Elle tient entre les mains ses notes de cours et une bouteille d’eau. Nous sommes à la faculté des lettres de l’université de Lubumbashi. Cette jeune étudiante albinos est quotidiennement méprisée par ses collègues. Certains étudiants estiment qu’ils ne peuvent travailler avec elle à cause de son handicap . D’autres s’abstiennent même de l’intégrer dans des groupes d’études. Malgré  cette attitude démoralisante depuis 2021, Jeanne ne compte pas se détourner de ses objectifs.  » Les problèmes ne manquent jamais. Comme je l’ai toujours dit, j’accepte ce que je suis. Je suis fière d’être albinos. »

Pour elle, les albinos ne devraient en aucun cas subir ce genre de préjugés, ceux-ci étant des personnes normales comme tous les autres.

Pour sa part, Simon Pierre Kalenga, président  de l’organisation pour le bien-être des albinos  dans le Haut-Katanga ,OBEAC la discrimination ne construit pas une société. Elle marginalise par contre les individus dans la communauté.

« Avec cette privation de liberté et des droits, l’intégration sociale des albinos est plus difficile. Dans les milieux éducatifs, ecclésiastiques voire dans des familles le mépris existe »

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L’intégration sociale 

Prête à lutter contre toutes les inégalités et le mépris envers les personnes en manque de mélanine, Jeanne demande à ses collègues étudiants de cultiver  l’acceptation  de l’autre plutôt que la méfiance.  » Nous devons nous accepter mutuellement. Le respect réciproque est essentiel. Je veux être journaliste et femme indépendante au foyer. Pourquoi me mépriser si un jour vous serez bénéficiaires de mes services ? s’interroge Jeanne »

A force d’être discriminés, les albinos développent des troubles de personnalité. Ce qui conduit au complexe d’infériorité poursuit  Simon Kalenga le président de l’association OBEAC

« lorsqu’on se sent écarter, donner le meilleur de soi devient une tâche difficile. Pour y remédier, nous donnons de l’espoir et du courage à ceux qui font face à la discrimination dans toutes ses formes. Nous les motivons pour les études et le travail. C’est le seul moyen de se faire une place et d’arracher le bien-être »

Simon Pierre Kalenga demande aux  autorités scientifiques, politico administratives, et à la société civile d’avoir un autre regard sur les albinos. « Nous avons besoin qu’ils prennent en compte nos doléances et les projets que nous leur déposons. Nous ne pourrons gérer seuls nos problèmes. Qu’ils tiennent aussi compte de ce que nous avons à dire dans la société.

Pour l’heure, près de six étudiants  albinos fréquentent la faculté des lettres de l’université  de Lubumbashi. La plupart d’entre eux subissent le même traitement que Jeanne.

Benjamin Lopongo et Obed Vitangi