Kalemie: le choléra et la poliomyélite sont aux portes de la ville ?
Cela fait bientôt 5 mois qu’une partie de la ville de Kalemie dans la province du Tanganyika est secouée par des inondations. Si certains ménages se sont relogés, d’autres sont restés dans leurs quartiers où ils vivent les pieds dans l’eau. Les acteurs du secteur sanitaire craignent la résurgence des maladies telles que le choléra et la poliomyélite. Les sinistrés partagent également la même inquiétude.
Au quartier Kamkolobondo sur l’avenue Tanganyika, assis sur un petit tabouret, Jean Paul répare une radio. A ses côtés, deux autres jeunes hommes partagent tranquillement un verre de Wisky local. La Dame de la femme, elle, s’affaire à la cuisine. Cette famille est restée seule dans une parcelle où cinq autres ménages ont abandonné les maisons envahies par l’eau. La parcelle est couverte d’eau devenue verte. Parfois, Jean Paul et son épouse doivent marcher dans ces eaux salles pour accéder à leur maison. Il n’en peut plus, pourtant il n’a pas de choix.
» Désormais ,nous partageons l’espace avec l’eau stagnante. Et ce que vous voyez juste à coté, c’est la fausse septique. Elle est aussi inondée et la matière fécale se répand partout. En outre, elle dégage une mauvaise odeur. Nous vivons dans un environnement pollué, mais ne savons pas quoi faire. »
Risque du choléra
Par ailleurs, les amis de Jean Paul sont conscients du risque sanitaire qu’ils encourent. L’un d’eux déclare que bientôt on va enregistrer dans la ville des cas de choléra.
» Nous sommes exposés à toutes les maladies, non seulement hydriques, mais également celles des mains salles. Nous craignons surtout la résurgence du choléra. Mais que faire, nous n’avons nulle part ou aller. »
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Pour sa part , le secrétaire provincial de la Croix Rouge dans la province du Tanganyika déclare que l’épidémie du choléra est à la porte de la ville. Les mesures de prévention doivent être renforcées, estime -t-il. Par ailleurs, Antoine Mwili , responsable de la Croix-Rouge, affirme que sa structure mène déjà quelques actions de prévention .
» Le risque est grand de voir la ville de Kalemie enregistrer une nouvelle épidémie de choléra. En effet, avec l’inondation, il y a une communication entre les eaux souillées et celles qui ont envahi les habitations. De plus, certains ménages vivent dans cet environnement. Et dès qu’ils s’aperçoivent que l’eau stagnante est claire, il y en a qui l’utilisent parfois pour la lessive.
Et le secrétaire provincial de la Croix-Rouge de poursuivre, »nous avons renforcé la sensibilisation, surtout sur les points d’eau. Nous disposons des produits pour chlorer l’eau. Pour les habitations qui sont aujourd’hui abandonnées, nous proposons à l’autorité une campagne de désinfection de ces maisons avant qu’elles ne soient de nouveau occupées. »
Propagation de la poliomyélite ?
En plus du choléra, les autorités sanitaires à Kalemie craignant également la propagation du poliovirus derivé. Ce virus se transmet à travers la matière fécale. Or, dans les quartiers inondés, il n’y a pas de frontière entre les eaux saines et celles qui sont infectées. Le médecin chef de division de la santé dans le Tanganyika attire l’attention sur le danger de la résurgence de la poliomyélite.
» Nous sommes en épidémie de la poliomyélite. » Avec cette catastrophe, la situation risque de s’empirer. Il suffit d’un enfant atteint du virus défèque et l’eau charrie ces matières, le virus va se propager. Voilà pourquoi cette situation nous inquiète. »
Selon le programme élargi de vaccination dans cette province, le Tanganyika a enregistré en 2023 , 41 cas de poliomyélite.
Que ce soit pour le choléra ou la poliomyélite, les sinistrés des inondations à Kalemie attendent de l’État congolais des mesures urgentes. Parmi elles, figure la délocalisation des ménages victimes et qui ne peuvent s’offrir un autre logement.